Paradis

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Paradis (arabe : الجنة) selon les doctrines islamiques, est un lieu dans l'au-delà où les personnes justes et bonnes résideront et bénéficieront des bienveillances divines, à la fin des temps. C’est aussi, selon une interprétation, l'endroit où Adam (a) et Ève (a) ont vécu avant leur chute (hubût) sur Terre. Il est également appelé al-Janna.
Il y a plus de deux cents versets coraniques ainsi que de nombreux hadiths prophétiques et imamites concernant le Paradis et ses caractéristiques, tels que son immensité, ses différents lieux, la variété et les caractéristiques de ses qualités ; mais aussi par rapport aux choses qui s’y trouvent, à son lien au but de la création, également sur les caractéristiques de ses résidents, sur les caractères et les actions qui font qu'une personne mérite d’y résider, sur les personnes qui en sont privées et sur les relations entre les gens qui résideront au Paradis.
Bien que la croyance au Paradis soit une doctrine islamique basique, les théologiens musulmans ne sont pas unanimes sur la question de si le Paradis sera créé dans l'au-delà à la fin des temps ou s'il est déjà créé. En outre, les érudits musulmans tant chiites que sunnites ne se sont pas d’accord sur la question de si le paradis est corporel ou seulement spirituel.

Notions et les termes associés au Paradis

Paradis est un lieu dans le au-delà où les gens bien résideront et bénéficieront des bienveillances de Dieu. Ce lieu est mentionnés de divers manières dans le Coran et parfois sous le terme Jannatân : deux paradis mentionné dans la Sourate ar-Rahmân , verset 46.
Les exégètes du Coran ont avancé quatre hypothèses concernant ce double paradis :

  1. il y a donc un paradis corporel et un paradis spirituel
  2. il y a un paradis comme récompenses, et un paradis dérivant de la bienveillance divine (Fadl) [1]
  3. il y a deux paradis distincts selon la nature de ses composants[2]
  4. il y a deux paradis distincts selon leurs fonctionnements [3]

Paradis dans le Coran

Il existe plus de deux cents versets coraniques concernant le Paradis. Tout en soulignant la thématique de la fin du monde, l'avènement de la Résurrection et le début d'une nouvelle aire dans l'au-delà, le Coran fait référence au Paradis de différentes manières et avec différents termes. Ainsi le paradis est représenté sous diverses caractéristiques autour desquelles, comme l’on a mentionné plus haut, il n’y a pas d’unanimité parmi les savants et les théologiens musulmans et chiites. Dans ces débats il y a d’un côté la question de multiplicité de strates ou degrés de paradis, et d’un autre, la question des paradis de natures différentes.

Ici nous donnons quelques exemples des termes coraniques utilisés pour parler du Paradis :

  1. le terme "Jannat", signifiant littéralement le jardin (sa forme plurielle est : Jannât : الجنات) apparaît plus de cent fois dans le Coran. Il est parfois utilisé avec un post-fixe ou un adjectif comme : Jannat al-Khuld (jardin éternel : جنّة الخلد), Jannat al-Na'im (jardin de la félicité, جنة النعیم), Jannat al-Ma'wâ (jardin de la demeure : جنّة المأوی), Jannāt 'Adn (jardins d'Eden : جنّاتُ عدن), et Jannāt al-Firdaws (les jardins du paradis : جنّات الفردوس) [4].
  2. Rawda (Jardin : روضة) : Sourate Rûm (30) : 15
  3. Rawdât al-Jannât (Jadins des jardins : روضات الجنات) : Sourate Shawrâ (42) : 22
  4. Firdaws (Paradis : فردوس) : Sourate Mu’minûn (23) : 11
  5. Dâr as-Salâm (Demeure de la paix : دارالسلام) : Sourates An’âm (6) : 127 et Yûnus (10) : 25. Selon certains exégètes du Coran, puisque Salâm (Paix) est un des noms Divin, Dâr as-Salâm pourrait signifier aussi la Maison de Dieu.
  6. Dâr al-Âkhira (Demeure de la fin des temps : دارالآخرة), ce terme apparaît neuf fois dans le Coran.
  7. Dâr akh-Khuld (demeure éternelle : دارالخلد) : Sourate Fussilât (41) : 28
  8. Dâr al-Muqâma (Maison de la demeure éternelle : دارَالْمُقامه) : Sourate Fâtir (35) : 35
  9. Dâr al-Qarâr (Demeure d’apaisement : دارُالْقرار)  : Sourate Ghâfir (40) : 39
  10. Dâr al-Muttaqîn (Demeure des Pieux, دارُالْمتّقین) : Sourate Nahl (6) : 30
  11. Maqâm Amîn (lieu sûr : مَقامٍ امین) : Sourate Dukhân (44) : 51
  12. Maq'ad Sidq (Siège de la Vérité : مقعدِ صدق) : Sourate Qamar (54) : 55
  13. 'Illîyyûn et 'Illîyyîn (Haut lieu : علّیین/ علّیون) : Sourate Mutaffifîn (83) : 18-19
  14. Husnâ (Beau/meilleur : حسنی) : Sourate Yûnus (10) : 26

Abd Allah b. Abbas a dit que chacune de ces expressions, Jannat al-Ma'wa, Jannat al-Na'im, Dar al-Khuld ou Jannat al-Khuld, Dar al-Salam, Jannat al-Firdaws, Janna 'Adn et Dar al-Jalal font référence à un paradis particulier.
Dans son recueil de hadiths Bihar al-Anwâr, al-Allama al-Majlisi cite aussi les versets coraniques concernant Jannat dans l'ordre des sourates coraniques, puis cite leurs exégèses : at-Tabrisi, al-Fakhr ar-Razi et al-Baydâwî [5].

Paradis dans les hadiths

Dans certains hadiths prophétiques et imamites, les noms coraniques du Paradis ont été expliqués. En voici quelques exemples :

  1. Selon un hadith du Prophète Muhammad (s), Jannat al-Ma'wâ est le nom d'une rivière dans le Paradis. Et Jannat 'Adn ainsi que Jannat al-Firdaws sont les noms de deux paradis au milieu de deux autres paradis [6].
  2. Selon un hadith de l'Imam al-Bâqir (a), le Coran a mentionné quatre paradis : Jannat : 'Adn, Firdaws, Na'im et Ma'wa, alors qu'il existe de nombreux autres paradis autour de ces quatre paradis [7].
  3. Selon un hadith de l'Imam al-Bâqir (a), dans les versets : 46 et 62 de la sourate ar-Rahmân du Coran, il y a des preuves au sujet de l'existence de quatre Paradis. Deux paradis sont mentionnés dans le verset 46 de cette sourate. Le premier d’entre eux est pour ceux qui s’abstiennent envers les péchés, et le seconde pour ceux qui craignent Dieu (خافَ مقامَ ربّه) : ce sont les lieux de ceux qui sont les plus proches de Dieu (Muqqarabân). Les deux autres paradis mentionnés dans le verset 62, Na'im et Ma'wâ, appartiennent aux gens de Droite (Yamîn) et ce sont des lieux moins élevés du point de vue des bénédictions et non pas du point de vue de la proximités de Dieu [8].
  4. Selon un hadith de l'Imam al-Sâdiq (a), les versets de la sourate ar-Rahmân du Coran sont une preuve pour l'existence de nombreux paradis et le terme darajât (degrés) utilisé dans ce hadith, révèle les différences entre différents niveaux et rangs du Paradis et entre différents résidents du Paradis [9].
  5. Selon certains hadiths chiites et sunnites, il existe aussi un paradis qui est créé par Dieu et c’est Lui qui a planté ses arbres, or personne de l’a jamais vu, ni connaît son bienfait. Certains exégètes du Coran considèrent que le verset 17 de la sourate as-Sajda du Coran fait référence à ce paradis particulier. Dans un hadith, l'Imam al-Sâdiq (a) a parlé du fait que Dieu se manifestera (tajallî) aux gens du Paradis et il fait ensuite référence à ce paradis particulier [10].

Il existe aussi des hadiths dans de nombreux recueils chiites et sunnites selon lesquels il y a un paradis dont les caractéristiques dépassent l'imagination humaine [11].

Caractéristiques et particularités du Paradis

Certaines caractéristiques du Paradis sont mentionnées dans le Coran et dans les hadiths. Selon le Coran, le Paradis est un endroit où les meilleurs (الذین سُعِدوا) [12] résideront après la Résurrection. Ces traits caractéristiques sont souvent imaginés comme : des jardins avec des arbres verts et denses ainsi que des rivières qui coulent sous ceux-ci [13], mais aussi des sources effervescentes [14], des fruits variés [15] et une température modérée [16].

Selon le verset 133 de la sourate Âl-Imrân et le verset 21 de la sourate Hadîd, le Paradis est aussi étendu que les cieux et la Terre. Des exégètes du Coran comme at-Tabrisi, al-Fakhr ar-Râzi et Allama Tabataba'i ont fait appel à ces versets pour montrer qu'il est impossible à l'esprit humain de concevoir l'immensité du Paradis [17].

Hypothèse selon laquelle le Paradis est matériel et il est déjà créé

Certains hadiths chiites indiquent que le Paradis est déjà créé et il existe donc avant la Résurrection. Il s'agit en fait même d'une des doctrines chiites [18]. Il existe par exemple un hadith de l'Imam al-Ridâ (a) selon lequel le Paradis existe déjà, il a une existence externe et le Prophète (s) l’a déjà vu pendant dans son Mi'raj [19].

Certains hadiths ont souligné que pour chaque personne, il y a une place spécifique et prédéterminée dans le Paradis ainsi que dans l’Enfer. Et les actions de la personne développeront progressivement, au cours de sa vie, cette place soit au Paradis ou en Enfer. Ces hadiths ont été pris comme arguments par certains théologiens chiites pour défendre l’idée selon laquelle le paradis et l'enfer existe déjà à l'heure actuelle [20].

Le Coran et les hadiths soulignent aussi que le Paradis, et en général le monde invisible, sont corporels, physiques et matériels. Al-Allama al-Majlisi et Sayyid Ni’mat-Allah al-Jazâ’irî ont fait appel à un hadith de l'Imam al-Ridâ (a) pour montrer que les états des gens dans l'au-delà doivent être mesurés selon ceux de ce monde d’ici-bas.
Ils soutiennent que cette doctrine implique la matérialité du Paradis. En réponse à une question de ‘Imrân Sâbî et comme argument pour l'invisibilité de Dieu pour les êtres humains dans le Paradis, l'Imam al-Rida (a) a dit que l'on peut argumenter pour ce qui se passe dans le Paradis seulement par ce qui se passe dans ce monde. Allama al-Majlisi [21] et son élève, Sayyid Ni'mat Allah al-Jazâ'irî [22], basent leur interprétations du monde de l’au-delà sur ce principe.

Arguments théologiques au sujet du Paradis

Afin de démontrer que le Paradis est créé, les savants chiites ont fait appel à certains versets Coraniques : Najm : 5 au sujet du Mi'raj du Prophète (s) ; les versets coraniques Âl-Imrân : 133 et Hadîd : 21 affirmant tous deux que le Paradis est déjà préparé où le terme Uʻiddât (en arabe : اُعدَّت) est utilisé. Mais aussi le verset 100 de la sourate Tawba dans lequel le terme Aʻadda (en arabe : اَعَدَّ) a été mentionné et qui soutient le fait que Dieu a préparé le Paradis, impliquant l’idée selon laquelle le Paradis et l'Enfer existent déjà [23].

Dans certains hadiths des imams chiites, il est aussi explicitement indiqué que le Paradis existe déjà. L'Imam al-Ridâ (a) a fait appel à l'histoire du Mi'raj du Prophète (s) ; Ibn Hazm [24] et Ibn Qayyim al-Jawziyya [25] ont également fait appel à certains récits du Mi'raj du Prophète (s) pour argumenter cette idée.

En revanche, il y a aussi des savants qui soutiennent l’idée selon laquelle le Paradis et l'Enfer ne sont pas encore créés [26]. Ceux-ci ont fait appel à des preuves rationnelles. L'argument rationnel le plus ancien soutient l’idée selon laquelle il serait absurde (‘abath) que le Paradis soit déjà créé avant la Résurrection. D’autres théologiens argumentent simplement que la raison des actions de Dieu ne pourra pas être connue ou comprise par les humains, et donc, de notre propre point de vue nous ne pouvons pas savoir ni soutenir que le Paradis est créé avant la Résurrection [27].

Interprétation ésotérique du Paradis corporel dans la vision des Batinîyya (les Bâtinî)

Conformément à leur méthode philosophique ésotérique, les Batiniyya ont fait des interprétations ésotériques (ta'wîl) des versets coraniques qui impliquent parfois la corporéité et la matérialité du Paradis, et parfois la symbolique et l’immatérialité de celui-ci. Leurs regards ont évidemment reçu des objections, notamment de la part de al-Ghazali [28], qui argumente selon le récit du Mi’râj ainsi que sur le sens explicite des versets coraniques, l’impossibilité de l’immatérialité ainsi que le non-existence actuelle du Paradis [29].
Il faut dire que de manière générale, les musulmans ont supposé que la croyance en l'existence du Paradis avec les caractéristiques mentionnées dans le Coran et dans les hadiths est une composante essentielle de l'Islam, et donc l'interprétation des versets coraniques d'une manière qui conduit à la négation de la corporalité du Paradis équivaut à la négation de l'Islam [30].
La majorité des théologiens musulmans, n'autorisent aucune interprétation ésotérique ou construction symbolique des textes sacrés au sujet du Paradis, sauf dans le cas où la pensée est incapable de les imaginer [31]. Par exemple, Sulaymân b. Sâlih Ghusn [32] soutient que des doctrines telle que la corporalité du Paradis, sont rationnellement plausibles et qu'il existe un accord à leur sujet parmi les savants musulmans en ce qui concerne le contenu des hadiths, ainsi il pense qu’il n'est pas permis de donner une interprétation ésotérique ai sujet du Paradis qui mènerait par exemple à la négation de la matérialité de celui-ci.

Satisfaction divine comme le plus haut bénédiction du Paradis

Dans la culture islamique, la satisfaction divine et le contentement de Dieu de son serviteur sont considérés comme la plus haute bénédiction que l’on puisse avoir au Paradis.
Dans un hadith de l'Imam Ali (a), lorsque les gens du Paradis y rentrent (la description de cet espace se trouve abondamment dans le Coran), on leur dit qu'au-delà des bénédictions qu'ils reçoivent, il y a la Satisfaction Divine et l’amour de Dieu pour eux. Puis l'Imam Ali (a) cité le dernier passage du verset 72 de la sourate Tawba :

وَرِ‌ضْوَانٌ مِّنَ اللَّـهِ أَكْبَرُ‌ ۚ ذَٰلِكَ هُوَ الْفَوْزُ الْعَظِيمُ ﴿٧٢﴾
Et la Satisfaction d'Allah est plus grande. C'est là le Succès Immense ﴾72﴿
Coran, Sourate 9, Versets 72, Traduction de Régis Blachère

le verset énumère un certain nombre de bénédictions du Paradis et termine avec cette phrase que l’on vient de citer. [33].
Selon un hadith du Prophète (s), les personnes les moins bénies au Paradis sont celles qui se préoccupent des félicités du Paradis, et les plus bénies - qui ont une grande valeur pour Dieu - sont celles qui profitent de la Présence de Dieu ainsi que de la Face de Dieu, chaque matin et chaque soir [34].
Mais de nombreuses bénédictions sont également énumérées dans le texte coranique, tels que des nourritures, des boissons, des demeures, des jardins, des palais, des vêtements et autres. On pourra les voir dans les sourates coraniques : Ar-Rahmân : 46-47, Wâqi’a : 10 et 37 ; Insân : 5, 6, 12 et 22, etc. [35].
Le Prophète Muhammad (s) dit dans un hadith : « Il y a des choses dans le Paradis qu’aucun œil n’ait vu, aucune oreille n’en ait entendu et aucune esprit n’ait pu les imaginer » (en arabe : فِی الجَنَّةِ ما لاعَینٌ رَأَت وَلا اُذُنٌ سَمِعَت وَلاخَطَرَ عَلی قَلبِ بَشَرٍ) [36].
Il faut préciser que le Coran a rejeté toute caractéristique négative au sujet du Paradis. Ce lieu est ainsi exempt de la souffrance, de la frustration, de la tristesse, du péché, des discours vains, de l’attribution de mensonges, de l'audition de mensonges, de l'intoxication et de la démence. Selon le Coran, le Paradis est éternel et permanent, sûr et stable, continu et disponible.

Degrés du Paradis

De même il est admis que dans le Paradis il y a des degrés plus ou moins élevés et ces degrés sont associés aux actions humaines, mais il n'est pas évident de savoir quels degrés sont obtenus par quelles actions [37].
Selon les exégètes du Coran, comme al-Fakhr ar-Râzî [38], le mot coranique de darajât (degrés) en ce qui concerne le Paradis, fait référence au classement des bénédictions dans le Paradis : « les êtres humains jouiront de différents degrés du Paradis en fonction de leurs actions. Le Coran et les hadiths ont mis l'accent sur les différents degrés du Paradis ».
Selon un hadith du Prophète (s), le Paradis comprend des degrés dont la distance entre chacun d'eux est « comme la distance entre la Terre et le ciel » [39].

Caractéristiques des gens du Paradis

Selon le Coran et les hadiths, de nombreuses actions conduisent les gens au Paradis. Les hommes et les femmes sont considérés comme égaux à cet égard [40].
Les caractéristiques les plus fréquemment mentionnées dans le Coran pour les gens du Paradis sont la foi, la piété, les actions justes, l'obéissance à Dieu et à Son messager, l'acceptation de la vérité, la pureté et la croyance en l’Unicité de Dieu [41]. Le Coran souligne également des caractéristiques telles que l'humilité envers Dieu et les êtres humains, la crainte de Dieu, le bon comportement, la véracité, la générosité, la confiance, la loyauté à l’égard de ses promesses, l'aide aux démunis, l'évitement des paroles et des actions vaines et de l’arrogantes [42]. Il est dit aussi que certaines personnes sont interdites d'accès au Paradis, comme celles qui nient les signes divins ou les révélations divines [43].
Certains caractères et actions qui mènent au Paradis incluent donc : aider les autres humains, la gentillesse à l’égard des autres, avoir de bonnes paroles, et éviter toute injustice envers les autres. De même certains comportements répréhensibles empêchant les gens d'aller au Paradis, sont par exemple les mensonges, la malveillance, l'injustice des dirigeants et la complicité avec eux, etc.

Paradis d'Adam et d’Ève

Dans trois sourates coraniques [44], la première demeure d'Adam (a) et Ève (s) était un Paradis nommé « Jannat ». Selon les versets coraniques, apèrs avoir désobéis à Dieu, ils ont été expulsés de ce Paradis et ont fait la Chute (hubût) sur Terre. C’est après cette chute que la vie de l'humaine a commencé sur la Terre.
Au sujet de ce Paradis particulier, il existe trois points de vue dans les livres théologiques islamiques. Al-Fakhr ar-Razî a cité ces trois points de vue et les a argumenté. Les voici très brièvement :

  1. Il fait référence à un jardin sur la Terre,
  2. Il s’agit d’un jardin céleste mais qui n’est pas le Paradis promis,
  3. c’est le même lieu que le Paradis promis [45].

Al-Fakhr ar-Razi estime que ces trois points de vue sont plausibles, quand bien même que l’on ne puisse pas prouver aucun d'entre eux. Ce savant reste alors neutre sur cette question.
Al-Allama al-Majlisi pour sa part, met également en évidence ces trois points de vue et sur les arguments les concernant. Il a cité des hadiths selon lesquels le paradis d'Adam (a) et d'Ève (a) est le même que le Paradis promis. Dans d'autres sources, ce paradis est identifié comme un jardin sur la Terre [46].
Ce grand savant conclu enfin que nous sommes incapables de savoir et ne pouvons pas trancher sur cette question. Il a également émis l'hypothèse selon laquelle il pourrait s'agir du paradis de Barzakh, c’est à dire le monde de l’apèrs la mort, séparant le monde d’ici-bas du monde de la Résurrection finale [47].
Parmi les exégètes plus tardifs du Coran, Muhammad 'Abduh considère que le paradis d'Adam (a) et d’Ève (a) est un paradis terrestre [48] ; ce qui correspond à l'opinion de nombre de savants sunnites [49].
Enfin, Allama Tabataba'î considère que le paradis d'Adam (a) et d’Ève (a) demeure dans le ciel, mais il est autre que le Paradis promis. Il considère qu'il est situé dans le monde de Barzakh [50]. Il considère également que l'histoire coranique de la Chute de l'Éden est une métaphore de la naissance de chaque personne humaine dans ce monde.

Paradis de Barzakh

D’après la croyance chiite, le paradis commence dès après la mort et dans le monde de Barzakh [51]. Ce monde dispose ses propres paradis et enfer dans lesquels les gens trouvent la rétribution de leurs actes sur terre. Les hadiths imamites à ce sujet son très nombreux.
Le Prophète aussi dit à ce propos par exemple: «  La tombe est un des jardins du Paradis, ou une des fosses du Feu (de l’enfer) » [52].

Ouvrages importants à ce sujet

Parmi des ouvrages chiites à ce sujet mentionnons :

  1. Seyyed Hâshim b. Sulayman Bahrânî, Ma’âlim az-Zulfî fî al-Nish’ah al-Awlâ wa al-Ukhrâ, Qom, 1382 h.s.
  2. Muhammad Bâqir al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr : Kitâb al-‘Adl wa al-Ma’âd, Beyrouth, 1403 h.l.
  3. Su’ayd b. Janâh Azdî, Saffat al-Jannat al-Nnâr [53].

Références

  1. voir : Tabataba’ï, al-Mizân, sous le chapitre : ar-Rahmân
  2. or ou argent
  3. voir : Fu’âd Abd al-Bâqî, al-Ma’jam al-Mafhras li-alfâz al-Qur’ân al-Karîm, 1397 h.l., sous le titre : ‘Adn et N. ‘A. M.
  4. cf. Fu’âd Abd al-Bâqî, sous : J. n. n.
  5. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v.8, chapitre : Bâb al-Janna wa Na’îmuhâ, p. 71-116
  6. Cf. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v. 8, p. 117 et 196
  7. voir : Bahrânî, Ma’âlim al-Zulfî fî m’ârif al-nishâh al-awlâ wa al-ukhrâ, 1382 h.s., v.3, p. 89 ; Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h .l., v.8, p. 161
  8. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h .l., v.8, p. 218
  9. voir Tabarsî, Tafsîr, sous le titre de la sourate ar-Rahmân :62 ; Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 l.h., v. 8, p. 198
  10. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 l.h., v. 8, p. 126-127
  11. voir comme exemple : Baghawî, Masâbîh al-Sunna, 1407 h.l., v.3, p. 555 ; Muzarî, al-Targhîb wa al-Tarhîb min hadith al-Sharîf, 1407 h.l., v.4, p. 502-506 ; Ibn Qayyûm Jawziyya, Hâdî al-Alrwâh ilâ Bilâd al-Afrâh, 1409 h.l., p. 308-311, 319-325
  12. Sourate Hûd : 108
  13. cette expression a été répétées 35 fois dans le Coran : تجری مِنْ تحتها الانهار
  14. Sourates Yâsîn : 34 ; Zârîyât : 15 ; Ar-Rahmân : 50 et 66 ; Insân : 6 et 18 ; Mutaffifîn : 28
  15. Sourates Sâd : 51 ; Zukhruf : 73 ; Dukhân : 55
  16. Sourates : Insân : 13 ; voir aussi : Tabarî, Tafsîr Tabarî ; Tabarsî, Majma’ al-Bayân ; Fakhr Râzî, Tafsîr Kabîr ; Qurtabî, al-Jâmi’ al-Ahkâm al-Qu’ân, sous le tite du verset 13 de la sourate Insân
  17. cf. par exemple : Tabataba’i, al-Mizân fî Tafsîr al-Qur’ân, sous le titre de la sourate : Fussilat : 12
  18. Cf. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v. 8, p. 146, 196-197
  19. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v. 8, p. 119
  20. voir par exemple : Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v.8, p. 123, 125, 149 ; pour voir les idées semblables chez les sunnites voir : Bayhaqî, Shu’ab al-Imân, 1421 h.l., v.1, p. 342-346 ; Qurtabî, al-Tazkarat fî Ahwâl al-Mawtî wa Umûr al-Âkhira, 1410 h.l., v. 2, p. 164-165 ; Ibn Qayyim Jawziyya, Hâdî al-Arwâh ilâ Bilâd al-Afrâh, 1409 h.l., p. 44-51
  21. Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v. 10, p. 316, 327
  22. Jazâ’irî, Nûr al-Barâhîn, 1417 h.l., v.2, p. 479
  23. Juwînî, al-‘Aqidat al-Nizâmiyya, 1424 h.l., p. 249- 250; Mutiwwalî Shâfi’î, al-Ghaniyya fî Usûl ad-Din, 1406 h.l., p. 167-168 ; Taftâzânî, Sharh al-Maqâsid, 1409 h.l., v. 5, p 109 ; Jurjânî, Sharh al-Mawâfiq, 1325 h.l., v. 8, p.301 ; Subhânî, al-Ilâhyyât ‘alâ hudâ al-Kitâb wa al-Sunna wa al-‘Aql, 1411 h.l., v.2, p. 918-919
  24. Ibn Hazm, al-Fasl fi l-Milal wa al-Ahwâ’ wa al-Nihal, 1995 a.c., v.2, p. 392
  25. Ibn Qayyim al-Jawziyya, Hâdî al-Arwâh ilâ Bilâd al-Afrâh, p.44, 49-50, 81
  26. voir : Mufîd, Awâ’il al-Maqâlât, 1413 h.l., p. 124
  27. voir : Subhânî, al-Ilâhiyyat ‘alâ hudâ al-Kitâb wa al-Sunna wa al-‘Aql, 1411 h.l., v.2, p.920
  28. Ghazâlî, Fadâ’ih al-Bâtiniyya, 1383 h.l., p. 44-46, 48-54, 61
  29. cf. Haddâd ‘Adil, Danesh-nameh Jahan Islam, 1386, v. 11, sous le chapitre : Jannat
  30. Cf. Taftâzânî, Sharh al-Maqâsid, 1409 h.l., v 5, p. 91-93
  31. voir par exemple : Qâdî Abd al-Jabbâr b. Ahmad, Sharh al-Usûl al-Khamsa, 1422 h.l., p. 499 ; Ghazâlî, al-Madnûn bi ‘Alâ Ghayr Ahlî, 1417 h.l., p. 113 ; Lâhîjî, Gawhar Murâd, 1383 h.s., p. 661
  32. Sulayman b. Salih Ghusn, Tafsîr Maqâtil b. Sulaymân, 1979-1989, v. 2, p. 732
  33. à propos de ce hadith voir : Majlisî, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v.8, p.140-141 ; Abû Na’îm Isfahânî, Saffa al-Janna, 1407 h.l., v.2, p. 136-137 ; Qurtabî, al-Tazkara fî ahwâl al-mawtâ wa umûr al-âkhira, 1410 h.l., v.2, p. 166-170
  34. voir : Munzirî, al-Targhîb wa al-Tarhîb min al-Hadith al-Sharîf, 1407 h.l., v.4, p.507
  35. voir aussi dans ces sourates coraniques : Safât : 49-41 ; Zukhruf, 70-73 ; Nabâ’ : 32-35 ; Mutafifîn : 22, 28 ; Ghâshiya : 10, 16
  36. Abulqâsim Pâyandeh, Nahj al-Fasâha, hadith n° 2060
  37. Fayd Kashânî, Râh Rawshan (en persan), 1379 h.s., p. 66
  38. al-Fakhr al-Râzî, Tafsîr Kabîr, sous le titre : Anfâl : 40
  39. Pour savoir plus au sujet des degrés du Paradis, voir : Muhammad Reyshahrî, Hikmat-nâmeh Payâmbar A’zam, 1386 h.s., v.4, p. 399 ; Haddâd ‘Adil, Dâneshnameh Jahân Islam, 1386 h.s., v.11, chapitre : « Jannat »
  40. voir par exemple les sourates coraniques : Âl-Imrân : 195 ; Nisâ’ : 124 ; Ghâfir : 40
  41. voir par exemple les sourates coraniques : Mu’minûn : 111 ; Furqân : 63 et 75
  42. voir par exemple la sourate Qisas : 83 ; cf. également : Tabatab’î, Al-Mizân, sous le titre du même verset
  43. cf. sourate A’râf : 40
  44. Coran 2:35, Coran 7:19-20, et Coran 20:115, 117 et 120
  45. Fakhr al-Râzi, Mafâtih al-Ghayb, 1420, h.l., v. 3, p. 452
  46. al-Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v. 11, p. 122-123, 143-144
  47. pour d’autre hadith cf. : al-Majlisi, Bihâr al-Anwâr, 1403 h.l., v. 8, p. 146 ; v. 11, p. 161, 172-176 ; pour les hadiths sunnites c.f. Ibn Qayyin Jawzîya, Hâdi al-arwâh ilâ bilâd al-afrâh, 1409 h.l. p 52-75
  48. cf. Rashid Ridâ, Tafsîr al-Qur’ân al-Hakîm …, sous le titre : Baqara : 35
  49. Mâturîdî, Ta’wîlât ahl al-sunna, 1426 h.l., v.1, p.425 ; v.4, p. 376
  50. Tabataba’î, al-Mizân fî Tafsîr al-Qur’ân, v. 1, p. 132 ; v. 14, p. 218-219
  51. le monde de l’icône ou le monde imaginal
  52. Hasan b. Hasan Daylamî, Irshâd al-Qulûb, vol 1, p 75
  53. à propos de lui et son livre voir : Naja^shî, 481 h.s., p. 512 ; Tustarî, Nûr al-Barâhîn, 1417 h.l., v.5, p. 89-90