Infaillibilité des prophètes (a)
Infaillibilité des prophètes (a) (en arabe : عصمة الأنبياء) fait allusion à la pureté des prophètes (a) de tout péché, erreur et faute. C'est l'un des principes communs par toutes les religions révélées.
Mais, il existe des opinions divergentes sur la nature de l'infaillibilité et ses degrés.
Les savants musulmans s'accordent à dire que tous les prophètes sont préservés de l'associationnisme et de la mécréance, et qu'ils ne commettent pas d'erreur ou de péché dans la réception, la compréhension et la communication de la révélation divine. Ils divergent cependant sur leur infaillibilité vis-à-vis des péchés dans leurs affaires quotidiennes. Selon la plupart d'entre eux, les prophètes sont également infaillibles dans ce domaine.
Ils considèrent que l'origine de l'infaillibilité des prophètes (a) est due à la grâce de Dieu ou à leur connaissance profonde de l'obéissance et du péché. La connaissance qui ne peut être acquise par l'enseignement et ne peut être vaincue par les désirs et les attirances.
L'infaillibilité des prophètes (a) n'est pas explicitement mentionnée dans le Coran, mais les exégètes du Coran parlèrent de ce sujet sous certains versets coraniques comme le verset 36 de la sourate al-Baqara, qui nous raconte comment le Prophète Adam (a) et son épouse, Ève, furent expulsés du Paradis.
Les théologiens musulmans avancèrent des arguments rationnels pour prouver l'infaillibilité des prophètes (a), en s'appuyant sur des versets coraniques comme le verset 7 de la sourate al-Hashr.
Ceux qui nient l'infaillibilité des prophètes (a) s’appuyèrent sur un ensemble de versets niant l'infaillibilité de certains ou de tous les prophètes. En réponse, on leur dit que les versets sur lesquels ils s'appuient, sont des versets ambigus (Mutashâbih) qui doivent être interprétés à la lumière des versets clairs (Muhkam)[Note 1], car ils ont besoin d'exégèse et d'interprétation. Aussi, les versets qui ne concordent pas avec l'infaillibilité des prophètes (a) sont considérés comme abandon du mieux[Note 2] ce qui est différent de la signification de l'erreur et du péché.
Sens de concept
L'infaillibilité des prophètes (a) signifie la pureté des prophètes (a) de tout péché, erreur et de toute turpitude et de toute forme d'impureté et de méfait.[1]
L’infaillibilité est une qualité intérieure qui leur permet de distinguer le vrai du faux.[2] Le concept d'infaillibilité des prophètes (a) fut exprimé dans la culture islamique par différentes expressions telles que la purification (at-Tanzîh), la réussite (at-Tawfîq), la véracité (as-Sidq) et la loyauté (al-Amâna).[3]
Importance et statut
L'infaillibilité des prophètes (a) dans la domaine de la révélation, c’est-à-dire dans la réception, la compréhension et la communication de la révélation divine, est considérée comme l'un des principes communs par toutes les religions révélées.[4] Cependant, il existe des divergences d'opinions sur la nature de l'infaillibilité et ses degrés selon les savants religieux des différentes religions. Il existe même des divergences d'opinions entre les théologiens musulmans.[5]
Certains imaginent qu’au début de l’apparition de l'islam, le concept d'infaillibilité des prophètes (a) s'est répandu. Par exemple, il est rapporté que le premier calife qualifia le Prophète (s) de infaillible, dans un geste de révérence envers lui.[6] De même, il est rapporté que lorsque l'Imam Ali (a) parlait des rangs des prophètes (a) auprès de Dieu, il utilisa dans son discours le terme d'infaillibilité.[7]
Cependant, certains penseurs croient que l'utilisation du terme infaillibilité, comme les autres termes théologiques qui sont devenus populaires après la naissance de la théologie, coïncide avec l'imamat de l'Imam as-Sâdiq (a).[8]
Le sujet de l'infaillibilité des prophètes (a) n'est pas explicitement mentionné dans le Coran.[9] Mais, les exégètes coraniques abordèrent cette question sous certains versets du Coran, comme le verset 36 de la sourate al-Baqara,[10] le verset 23 de la sourate al-A‘râf et le verset 121 de la sourate Tâhâ, en relation avec l'histoire du Prophète Adam (a) et Ève et leur rencontre avec Iblîs, le verset 33 de la sourate Âl ‘Imrân qui parle de l'élection de certains prophètes (a) par Allah, ainsi que les versets 3 à 5 de la sourate an-Najm qui fait allusion du Prophète Muhammad (a) disant qu’il ne parle que conformément à la révélation divine.[11]
Origine de l'infaillibilité
Il existe des opinions divergentes sur l'origine de l'infaillibilité, y compris :
- Cheikh al-Mufîd et Sayyid al-Murtadâ disent que l'origine de l'infaillibilité des prophètes et des messagers divins réside dans la grâce divine à leur égard.[12]
- Selon l’avis de Sayyid Al-Murtadâ, cheikh at-Tûsî et Ibn Maytham al-Bahrânî, l'origine de l'infaillibilité chez les prophètes provient d'une aptitude intérieure, c’est-à-dire une qualité propre aux prophètes leur permettant d'éviter les péchés, alors qu’ils en ont la capacité. Leur capacité à commettre le péché ne disparaît pas mais, malgré cette capacité, ils ne commettent jamais de péchés.[13]
- Selon ‘Allâma Tabâtabâ’î, la source de l'infaillibilité chez les prophètes est leur connaissance inébranlable à l'obligation d'obéir et à s'abstenir de désobéir ; une connaissance qui ne peut être acquise par l'enseignement et ne peut être vaincue par les désirs et les attirances.[14]
- Mullah Sadrâ considère que l'infaillibilité des prophètes (a) est un don divin qu'Allah accorde à certains de Ses serviteurs sincères pour les protéger contre les forces sataniques, notamment imaginaires. En effet, Dieu préserva Ses serviteurs sincères par la guide vers le droit chemin et la raison saine qu’Il leur donna.[15]
Étendue de l'infaillibilité
On peut exprimer l'infaillibilité des prophètes (a) par étapes et degrés qui sont respectivement les suivants :
- l'infaillibilité vis-à-vis du polythéisme et de l’incrédulité,
- l'infaillibilité dans la réception et la transmission de la révélation,
- la protection contre la commission de péchés majeurs et mineurs ainsi que la commission d'erreurs dans les questions personnelles ordinaires et les questions quotidiennes.
Les savants musulmans s'accordent sur les deux premiers degrés. Ils sont convaincus que tous les prophètes (a), avant ou après leur mission prophétique, n'ont jamais commis de polythéisme ou d'incrédulité.[16]
De plus, tous les théologiens chiites et sunnites sont unanime à dire que les prophètes (a) sont protégés contre toute trahison délibérée[17] et toute erreur par omission ou par oubli[18] lors de la réception, de la conservation et de la transmission de la révélation. Cependant, parmi ceux-ci, al-Qâdî Abd al-Jabbâr, le leader des Mu’tazilites au 5e siècle de l’hégire, admit la possibilité d'un mensonge par omission dans la communication de la prophétie.[19]
En ce qui concerne le troisième degré, il y a un d’accord parmi tous les théologiens chiites[20] ; c'est-à-dire qu'à leur avis, les prophètes (a) sont infaillibles de tout péché majeur, mineur et de toute erreur dans les questions personnelles ordinaires et les questions quotidiennes.[21] Seul cheikh al-Mufîd jugea possible que les prophètes (a) commettent un petit péché accidentel qui n'indique pas une faiblesse de la nature, avant leur mission.[22]
Les ulémas chiites affirment que les paroles et les actions des prophètes (a) dans les affaires quotidiennes individuelles et sociales sont également exemptes de toute erreur.[23] Cependant, cheikh as-Sadûq, en se référant à un hadith,[24] accepte la possibilité de l'oubli des prophètes (a).[25]
En revanche, ‘Allâma Sha‘rânî, critiquant la prétention du cheikh as-Sadûq, croit que toutes les actions du Prophète (s) sont accomplies dans le but d'accomplir son mission prophétique, et si l'oubli et l’erreur dans les actions quotidiennes du Prophète sont possible, il y aura également la possibilité d'oubli et d’erreur dans les affaires liées à sa prophétie, ce qui est contraire à l'objectif de l'infaillibilité des prophètes (a). De plus, selon lui, les musulmans s'accrochent à toute action que le Prophète faisait, même une fois[Note 3].[26]
Cheikh at-Tûsî écrit dans le livre Tahdhîb al-Ahkâm :
- « La raison n'accepte pas les hadiths de l'oubli du Prophète. »[27]
Est-ce que l'infaillibilité est en contradiction avec le choix des prophètes ?
Il est dit qu'il n'est pas possible de concilier l'infaillibilité et le choix. Sur cette base, certains nièrent l'infaillibilité des prophètes (a) et d'autres conclurent la fatalisme de l’infaillibilité des prophètes (a).[28]
L'un des arguments avancés par ce groupe est que les péchés et les erreurs sont inhérents à l'espèce humaine et, quels que soient les efforts pour les éviter, ils finissent toujours par tomber dedans. Ainsi, lorsqu'une personne atteint le stade de l'infaillibilité, elle est soumise à des facteurs qui échappent à sa volonté. Ce groupe établirent des preuves du Coran pour la fatalisme de l’infaillibilité des prophètes (a).[29]
Parmi les versets cités, le verset 46 de la sourate Sâd utilisant le terme « Nous les avons purifiés », qui est utilisé spécifiquement pour les prophètes (a).[30]
En opposition à cette opinion, ‘Allâma Tabâtabâ’î croit que Dieu accorda aux prophètes (a) une connaissance leur permettant de comprendre l'essence des péchés. En comprenant la laideur des péchés, ils les évitent non pas parce qu'ils y sont forcés, mais par choix. Il compara la connaissance des prophètes (a) de l'essence des péchés à la connaissance qu'a une personne de la présence de poison dans la nourriture, l'incitant à les éviter et à ne pas y toucher.[31]
L’ayatollah cheikh Ja‘far Subhânî écrit que le statut d'infaillibilité est un don de Dieu à l'Infaillible (a) et que certains versets soulignent qu'il s'agit d'un don divin. Cependant, les prérequis pour atteindre le statut d'infaillibilité sont réalisés en combattant les désirs de l'âme et en les maîtrisant. Sur cette base, il est possible de concilier le statut d'infaillibilité avec le choix des prophètes (a).[32]
Preuves de l'infaillibilité
Les preuves de l'infaillibilité des prophètes (a) peuvent être divisées en deux catégories : raisonnables et transmises (le Coran et les hadiths) :
Preuves raisonnables
La preuve raisonnable la plus importante de la nécessité de l'infaillibilité des prophètes (a) et des messagers divins (a) est de gagner la confiance des gens en eux.[33] Selon cette preuve nommée « la preuve de confiance »,[34] si les actions des prophètes (a) sont en contradiction avec ce qu'ils disent aux gens, ces derniers n’accepteront pas leur prophétie.[35]
L'autre preuve raisonnable est la contradiction avec l'objectif de la mission des prophètes (a). Comme l'obéissance aux prophètes (a) est obligatoire pour l’homme, si ceux-ci commettent un péché ou une erreur, le devoir d'obéissance reste-t-il inchangé ou non ?
Si les gens suivent à eux, cela sera contraire au but de l'envoi des prophètes (a) ; car le but de l'envoi des prophètes (a) est de guider les gens vers le droit chemin, et si ceux-ci ne sont pas suivis, le fait de ne pas les suivre implique une diminution du statut des prophètes (a).[36]
Preuve transmises (le Coran et les hadiths)
Il y a de nombreux versets coraniques et des hadiths qui indiquent l'infaillibilité des prophètes (a).
Selon les exégètes du Coran, beaucoup de versets coraniques pointent vers l'infaillibilité des prophètes (a). Tabatabai cita quelques-uns d'entre eux comme les versets 64, 69 et 165 de la sourate an-Nisâ’, le verset 90 de la sourate al-An‘âm et le verset 17 de la sourate al-Kahf.[37]
Nous lisons dans le verset 17 de la sourate al-Kahf :
... مَن يَهْدِ اللَّـهُ فَهُوَ الْمُهْتَدِ ۖ وَمَن يُضْلِلْ فَلَن تَجِدَ لَهُ وَلِيًّا مُّرْشِدًا ﴿١٧﴾
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Celui que conduit Allah est dans la bonne direction et celui qu'Il égare ne se trouvera aucun patron (wali) pour le diriger (17)
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Coran, sourate XVIII, verset 17 ; Traduction du Coran, Régis Blachère
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Selon ‘Allâma Tabâtabâ’î, ce verset nie tout type d'égarement de ceux qui sont guidés et, étant donné que tout péché est une sorte d'égarement, cela implique que les prophètes (a), comme les personnalités guidés, ne commettent aucun péché.[38]
Dans de nombreux hadiths, l'infaillibilité des prophètes (a) est affirmée avec certitude.[39] Parmi eux, il y a un hadith de l'Imam al-Bâqir (a) où il est dit :
- « Les prophètes ne commettent pas de péché; car ils sont tous infaillibles et purifiés, et ils ne dévient pas (de la Voie Droite) et ne commettent ni petit ni grand péché. »[40]
Soupçons et réponses
Certains opposants à l'infaillibilité des prophètes (a) nièrent cette infaillibilité en se référant à certains versets du Coran et hadiths.
Désespoir et la méfiance envers la promesse divine
حَتَّىٰ إِذَا اسْتَيْأَسَ الرُّسُلُ وَظَنُّوا أَنَّهُمْ قَدْ كُذِبُوا جَاءَهُمْ نَصْرُنَا فَنُجِّيَ مَن نَّشَاءُ ۖ ... ﴿١١٠﴾
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Quand enfin les prophètes désespérèrent et (les gens) pensèrent qu’on les traitèrent de menteurs, Notre secours leur vint. Ceux que Nous voulions furent sauvés, alors que Notre rigueur ne saurait être détournée du peuple des Coupables.
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Coran, s 12, v 110, Traduction par Régis Blachère
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En se référant au verset ci-dessus, il est dit que cela prouve la désespérance et la méfiance des prophètes (a) envers la promesse divine, et qu'il s'agit d'une preuve pour nier leur infaillibilité. Parce que la phrase « ils pensèrent qu’on les traitèrent de menteurs » implique que les prophètes ont pensé que Dieu leur avait menti à propos de la promesse de secours.[41]
En réponse à cette objection, ‘Allâma Tabâtabâ’î et de nombreux exégètes du Coran dirent que le sujet du verbe « penser » (pensèrent) mentionné dans le verset est « les gens » et pas « les prophètes ». Dans ce cas, le sens du verset est : « l'obstination des gens à ne pas accepter l'appel des prophètes conduisit les prophètes au désespoir, et les gens pensèrent que la promesse de châtiment était un mensonge. »[42]
L'ayatollah Subhânî attribue tous les pronoms dans le verset aux prophètes (a) et croit que les prophètes n'ont pas pensé que Dieu leur avait menti ; plutôt, leur situation était telle que les autres pensaient cela à leur sujet.[43]
Suggestions sataniques et prophètes (a)
وَمَا أَرْسَلْنَا مِن قَبْلِكَ مِن رَّسُولٍ وَلَا نَبِيٍّ إِلَّا إِذَا تَمَنَّىٰ أَلْقَى الشَّيْطَانُ فِي أُمْنِيَّتِهِ فَيَنسَخُ اللَّـهُ مَا يُلْقِي الشَّيْطَانُ ثُمَّ يُحْكِمُ اللَّـهُ آيَاتِهِ ۗ وَاللَّـهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ ﴿٥٢﴾
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Avant toi, Nous n'avons envoyé nul Apôtre et nul Prophète, sans que le Démon jetât [l'impureté (?)] dans leur souhait, quand ils [le] formulaient. Allah abrogera donc ce que le Démon jette [d'impur (?) en ton message], puis Allah confirmera Ses aya. Allah est omniscient et sage. ﴾52﴿
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Coran, S 22, V 52, Traduction de Régis Blachère
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Le teneur de ce verset fut utilisé pour nier l'infaillibilité des prophètes (a) et leur fiabilité.[44] Selon le sens du verset, Satan intervenait dans les pensées, les paroles et les souhaits des prophètes (a). Mais Dieu effaçait ce que Satan avait suggéré.[45]
Le mythe de Gharânîq est considéré comme une preuve à l'appui de cette interprétation.[46]
Les exégètes du Coran considèrent cette interprétation comme contraire à d'autres versets coraniques[47] qui affirment que Satan n'a aucune influence sur les choix et les décisions des serviteurs de Dieu et que les prophètes sont certainement les exemples les plus hauts de ces serviteurs.[48]
Certains considèrent l’intervention de Satan comme la tentation des gens à se rebeller contre les prophètes (a) et leur mission de répandre la religion divine.[49]
Le fait que Dieu efface les effets de l’intervention de Satan est également présenté comme un exemple de secours divin.[50]
Tout le monde commet le péché y compris les prophètes (a)
وَلَوْ يُؤَاخِذُ اللَّـهُ النَّاسَ بِظُلْمِهِم مَّا تَرَكَ عَلَيْهَا مِن دَابَّةٍ ... ﴿٦١﴾
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Si Allah reprenait les Hommes pour leur injustice, Il ne laisserait sur terre nul vivant. ﴾61﴿
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Coran, Sourate XVI , Verset 61 ; Traduction du Coran, Régis Blachère
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Dans ce verset, l’injustice est attribuée à tout le monde et l’injustice ici signifie le péché. Selon cette interprétation, le verset indique que tous les gens, y compris les prophètes (a), commettent le péché et désobéissent à Dieu et ont commis des péchés.[51]
Al-Fakhr ar-Râzî répondit à cette interprétation en se référant à des versets tels que le verset 32 de la sourate Fâtir, qui montrent que tous les hommes ne sont pas injustes, mais que le terme (les hommes) dans le verset signifie tous les injustes qui méritent d'être punis, ou les polythéistes dont il fut parlé dans les versets précédents.[52]
D’après ‘Allâma Tabâtabâ’î, le terme « injustice » mentionné dans le verset comprend à la fois le péché et l’abandon du mieux. Et dans ce qui a été dit précédemment, nous avons dit qu’il est possible que les prophètes (a) commettent l’abandon du mieux.[53]
N. B. : L'abandon du mieux ou Tark al-Awlâ (en arabe : تَرْك الأوْلی) consiste à faire quelque chose de bien et à abandonner ce qui est encore mieux à faire.
Versets incompatibles avec l'infaillibilité de certains prophètes (a)
Certains versets du Coran sont apparemment incompatibles avec l'infalibilité de certains prophètes (a) tels qu’Adam (a),[54] Noé (a),[55] Abraham (a),[56] Moïse (a),[57] Joseph (a),[58] Jonas (a)[59] et le Prophète Muhammad (s).[60] Ces versets ont été présentés comme une preuve contre l'infaillibilité des prophètes (a).[61]
L'ayatollah Subhânî considère que ces versets sont les objections les plus importantes des négateurs de l'infaillibilité des prophètes (a).[62] Ahmad Amîn, en se référant à ces versets,[63] considère que l'infaillibilité des messagers et des prophètes (a) contre les grands et petits péchés avant et après leur prophétie est une forme d'exagération et une opposition explicite au versets coranique.[64]
Réponses générales
Les exégètes du Coran examinèrent chaque verset incompatible avec l'infaillibilité des prophètes (a) et critiquèrent les soupçons. Cependant, des réponses générales furent également proposées, dont :
- Les versets relatifs à l'infaillibilité des prophètes (a) sont les versets clairs (Muhkamât) et les versets apparemment incompatibles avec l'infaillibilité des prophètes (a) sont des versets ambigus (Mutashâbihât) qui doivent être interprétés et compris en référence aux versets clairs.[65][66]
- S'il y a une opinion contraire à la raison, soit elle doit être abandonnée, soit elle doit être interprétée. Par conséquent, les versets qui sont apparemment incompatibles avec l'infaillibilité des prophètes (a) doivent être interprétés.[67]
Dans la section des preuves raisonnables, il est mentionné que la raison ordonne que les prophètes (a) doivent être infaillibles.
- Tous les versets qui semblent contredire l’infaillibilité des prophètes (a) sont interprétés comme faisant référence à l’abandon de mieux et non aux péchés, ou on doit dire que les événements mentionnés dans ces versets avaient un point que nous ne comprenons pas, comme l'histoire du Prophète Moïse (a) et de Khidr.[68]
Dans certaines hadiths, des versets dont l'apparence indique une absence l'infaillibilité des prophètes (a) sont mentionnés et des réponses y sont apportées.[69] Par exemple, lors d'une assemblée avec des érudits de différentes religions et sectes, une personne nommée Ali b. Jahm demanda à l'Imam ar-Ridâ (a) s'il croyait en l'infaillibilité des prophètes ?
L’Imam (a) répondit : oui. Ensuite, Ali ibn Jahm posa des questions sur l'interprétation des versets tels que le verset 121 de la sourate Tâhâ, le verset 87 de la sourate al-Anbîyâ’ et le verset 24 de la sourate Yûsuf, et l'Imam (a) interpréta correctement chacun de ces versets et interdit l'attribution de choses laides aux prophètes (a) et une interprétation sans preuve.[70]
Se tuer quelqu’un par le Prophète Moïse (a)
Le Prophète Moïse (a) fut confronté à deux hommes qui se battaient. L'un d'eux, qui était parmi ses partisans, lui demanda de l'aide. Pour le libérer, le Prophète Moïse (a) donna un coup de poing à l’autre homme qui était égyptien, le coup qui entraîna finalement sa mort.[71] Après cet incident, Moïse (a) dit :
- « Ceci est le fait du Démon. Seigneur ! Je me suis lésé moi-même. Pardonne-moi ! »[72]
Les commentateurs du Coran sont d'avis que l'homme égyptien méritait d'être tué et que tuer cet homme n'était pas considéré comme un péché. Cependant, il aurait été préférable pour Moïse (a) de retarder cet acte, car cela aurait évité les difficultés qu'il rencontra et son départ précipité d'Égypte. Cela a été considéré comme un abandon du mieux et son Istighfâr était lié à cet abandon du mieux.[73]
Lire aussi
La question de l’infaillibilité des prophètes (a) a été discutée et débattue dans la plupart des livres théologiques.[74] En plus de ces livres, des ouvrages indépendants ont également été écrits à ce sujet, notamment :
- « Tanzîh al-Anbîyâ’ wa al-A’imma » (l'infaillibilité des prophètes (a) et des Imams (a)) est une œuvre de Sayyid al-Murtâda (355 - 436 h), un érudit et théologien imamite des 4e et 5e siècles de l'hégire. Il se penche sur la question de l'infaillibilité des prophètes (a) et des Imams (a) et répond aux doutes, aux versets et aux hadiths qui semblent apparemment contredire leur infaillibilité.[75]
- « ‘Ismat al-Anbîyâ’ fî al-Qur’ân al-Karîm » (l’infaillibilité des prophètes dans le Coran) écrit par l’ayatollah Ja‘far Subhânî, l’un des Marja‘ chiites.
- « ‘Ismat al-Anbîyâ’ wa ar-Rusul » (l’infaillibilité des prophètes et des messagers) écrit par ‘Allâma ‘Askarî.
- « ‘Ismat al-Anbîyâ’ fî al-Qur’ân ; Madkhal ilâ an-Nubuwwat al-‘Âmma » (l’infaillibilité des prophètes dans le Coran ; l’introduction à la prophétie générale) écrit par Sayyid Kamâl al-Haydarî.
- « ‘Ismat al-Anbîyâ’ » (l’infaillibilité des prophètes) écrit par Abd Ali Tâhir al-Ka‘bî.
- « ‘Ismat al-Anbîyâ’ bayn al-Yahûdîyya wa al-Masîhîyya wa al-Islâm » (l’infaillibilité des prophètes entre le judaïsme, le christianisme et l'islam) écrit par Mahmûd Mâdî.
Note
- ↑ Allah, le Très-Haut dit dans le Coran : « C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre. On y trouve des versets clairs, la Mère du Livre, et d’autres obscurs. Ceux dont les cœurs penchent vers l’erreur s’attachent à ce qui est obscur, car ils recherchent la discorde et ils sont avides d'interprétation ; mais nul autre que Dieu ne connaît l’interprétation du Livre et ceux qui sont enracinés dans la science … . » (le verset 7 de la sourate Âl ‘Imrân)
- ↑ L'abandon du mieux ou Tark al-Awlâ (en arabe : تَرْك الأوْلی) consiste à faire quelque chose de bien et à abandonner ce qui est encore mieux à faire.
- ↑ La preuve la plus importante pour laquelle les prophètes sont considérés comme infaillibles est de gagner la confiance des gens. Selon cette raison, si les actions des prophètes (a) ne sont pas conformes à leurs paroles, les gens ne les accepteront pas en tant que leaders et prophètes.
En effet, les prophètes (a) sont venus pour guider l’homme et pour cela, ils ont apporté les lois divines de la part de Dieu, afin que les gens soient guidés et atteignent le bonheur en obéissant à ces lois. Par conséquent, pour atteindre le bonheur, l'obéissance et la suivie des prophètes (a) seront obligatoires pour nous.
Maintenant, si un prophète commet un péché ou une erreur, la question qui se pose est de savoir si l'obéissance à lui dans cet acte de péché ou d'erreur est obligatoire ou non ? Si nous disons que c'est obligatoire de suivre le prophète dans cette affaire, cela serait en contradiction avec la guidance de l'humanité. Et si nous disons que nous ne devons pas suivre le prophète dans ce cas, cela serait également contraire au but de l'envoi des prophètes (a), car Allah a envoyé les prophètes pour que les gens atteignent le bonheur en suivant leurs enseignements. Aussi, ne pas les suivre conduirait également à dévaloriser le statut de leur mission prophétique.
Références
- ↑ Ayatollah Ma‘rifat, « ‘Ismat Payâmbarân », p 7
- ↑ Al- midî, Ghurar al-Hikam wa Durar al-Kalim, p 672 ; Ayatollah Ma‘rifat, « ‘Ismat Payâmbarân », p 7
- ↑ Yûsufîyân et Sharîfî, Pazhûhishî Nuw dar ‘Ismat Ma‘sûmân (a), p 27 - 30
- ↑ Anwârî, Nûri ‘Ismat bar Sîmâyi Nubuwwat, p 52
- ↑ Sâdiqî Ardakânî, 'Ismat, p 19
- ↑ Yûsufîyân et Sharîfî, Pazhûhishî Nuw dar ‘Ismat Ma‘sûmân (a), p 26
- ↑ 'Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 25, p 164 et 200
- ↑ Ayatollah Subhânî, Buhûth fî al-Milal wa an-Nihal, vol 2, p 113 - 167 ; Ayatollah Muzaffar, Dalâ’il as-Sidq li Nahj al-Haqq, vol 1, p 432 - 552
- ↑ Yûsufîyân et Sharîfî, Pazhûhishî Nuw dar ‘Ismat Ma‘sûmân (a), p 41
- ↑ ‘Allâma Maghnîya, at-Tafsîr al-Kâshif, vol 1, p 98
- ↑ Naqîpûrfar, Pazhûhishî pîrâmûni Tadabbur dar Qur’ân, p 339 - 345
- ↑ Cheikh al-Mufîd, Tashîh I‘tiqâdât al-Imâmîya, p 128 ; Ash-Sharîf al-Murtadâ, Adh-Dhakhîra, p 189
- ↑ Ash-Sharîf al-Murtadâ, Tanzîh al-Anbîyâ’, p 19 ; Khâji Nasîr ad-dîn at-Tûsî, Talkhîs al-Muhassal, p 369 ; Al-Bahrânî,an-Najât fî al-Qîyâma, p 55
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- ↑ Al-Mullâ Sadrâ, Tafsîr al-Qur’ân al-Karîm, vol 5, p 224
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 16, p 313 ; at-Taftâzânî, Sharh al-Maqâsid, vol 5, p 50
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- ↑ At-Taftâzânî, Sharh al-Maqâsid, vol 5, p 50
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 31
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 31 ; Cheikh al-Mufîd, an-Nukat al-I‘tiqâdîya, p 37 ; ‘Allâma al-Hillî, Kashf al-Murâd, p 155
- ↑ Cheikh al-Mufîd, an-Nukat al-I‘tiqâdîya, p 37 ; ‘Allâma al-Hillî, Kashf al-Murâd, p 155
- ↑ Cheikh al-Mufîd, Awâ’il al-Maqâlât, p 62
- ↑ Cheikh al-Mufîd ‘Adam Sahw an-Nabî, p 29 - 30 ; ‘Allâma al-Hillî, Kashf al-Murâd, p 155 - 157
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 1, p 358 - 359
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 1, p 359
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 1, p 359
- ↑ Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 2, p 181
- ↑ Yûsufîyân et Sharîfî, Pazhûhishî Nuw dar ‘Ismat Ma‘sûmân (a), p 39
- ↑ Yûsufîyân et Sharîfî, Pazhûhishî Nuw dar ‘Ismat Ma‘sûmân (a), p 39 - 41
- ↑ Yûsufîyân et Sharîfî, Pazhûhishî Nuw dar ‘Ismat Ma‘sûmân (a), p 39 - 41
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 5, p 354
- ↑ Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbîyâ’ fî al-Qur’ân al-Karîm, p 29 ; Ayatollah Misbâh Yazdî, mûzish ‘Aqâ’id, vol 2, p 161
- ↑ ‘Allâma al-Hillî, Kashf al-Murâd, p 155
- ↑ Ashrafî wa Rizâ’î, « ‘Ismat Payâmbarân dar Qur’ân wa ‘Ahdayn », p 86
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 37 ; Ash-Sharîf al-Murtadâ, Tanzîh al-Anbîyâ’, p 5
- ↑ Ayatollah Ma‘rifat, mûzish ‘Ulûm Qur’ân, p 602
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 2, p 135 - 138
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 2, p 135
- ↑ Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 1, p 202 - 203 ; 'Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 14, p 103 ; vol 12, p 348 ; vol 3, p 45 ; Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 1, p 192 - 204
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Al-Khisâl, vol 2 , p 399
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 52 ; Az-Zamakhsharî, Al-Kashshâf, vol 2, p 52
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 11, p 279
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 55 - 59 ; Anwârî, Nûri ‘Ismat bar Sîmâyi Nubuwwat, p 109 - 115
- ↑ Al-Fakhr ar-Râzî, ‘Ismat al-Anbîyâ’, p 122
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 60 ; Al-Fakhr ar-Râzî, ‘Ismat al-Anbîyâ’, p 122
- ↑ Al-Fakhr ar-Râzî, ‘Ismat al-Anbîyâ’, p 122
- ↑ Sourate al-Hijr, verset 42 ; Sourate al-Isrâ’ , verset 65 ; Sourate Sâd, verset 82 et 83
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 60 - 62
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 62 ; ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 14, p 391
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 63
- ↑ Al-Fakhr ar-Râzî, At-Tafsîr al-Kabîr, vol 20, p 227
- ↑ Al-Fakhr ar-Râzî, At-Tafsîr al-Kabîr, vol 20, p 227
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 12, p 281
- ↑ Sourate al-Baqara, verset 35 - 37 ; Sourate Tâhâ, verset 115 et 121
- ↑ Sourate Hûd, verset 45 - 47
- ↑ Sourate ash-Shuʻarâ’, verset 82 ; Sourate as-Sâffât, verset 88 et 89
- ↑ Sourate Tâhâ, verset 94 ; Sourate al-Aʻrâf, verset 150 ; Sourate al-Qasas, verset 15 et 16
- ↑ Sourate Yûsuf, verset 24
- ↑ Sourate as-Sâffât, verset 139 - 148 ; Sourate al-Anbîyâ’, verset 87
- ↑ Sourate al-Baqara, verset 120 ; Sourate at-Tawba, verset 43 ; Sourate an-Nisâ’, verset 105 et 106 ; Sourate Muhammad , verset 19 ; Sourate al-Fat'h, verset 1 - 3 ; Sourate ‘Abasa, verset 1 - 10
- ↑ Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbîyâ’ fî al-Qur’ân al-Karîm, p 91 - 229 ; Ayatollah Jawâdî mulî, Wahy wa Nabuwwat dar Qur’ân, p 246 - 286 ; Ayatollah Makârim Shîrâzî, Payâm Qur’ân, vol 1, p 101 - 160
- ↑ Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 5, p 152
- ↑ Ahmad Amîn, Duhâ al-Islâm, vol 3, p 228
- ↑ Ahmad Amîn, Duhâ al-Islâm, vol 3, p 235
- ↑ Voir le verset 7 de la sourate l ‘Imrân
- ↑ Ayatollah Mîlânî, ‘Ismat az Manzar Farîqayn, p 102 - 103
- ↑ Ayatollah Mîlânî, ‘Ismat az Manzar Farîqayn, p 100
- ↑ Ayatollah Mîlânî, ‘Ismat az Manzar Farîqayn, p 101 - 102
- ↑ Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 1, p 192 - 204
- ↑ Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 1, p 192 - 204
- ↑ Sourate al-Qasas , verset 15
- ↑ Sourate al-Qasas, verset 16
- ↑ Cheikh at-Tûsî, At-Tibyân fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 8, p 137
- ↑ ‘Allâma al-Hillî, Kashf al-Murâd, p 155 - 157 ; Al-’Îjî, Sharh al-Mawâqif, vol 8, p 263 - 280 ; At-Taftâzânî, Sharh al-Maqâsid, vol 4, p 49 - 60
- ↑ Hiydarî fitrat, « Kitabshinâsî Tawsîfî Tanzîh al-Anbîyâ’ wa al-A’imma », p 103 et 104