Laylat al-Mabît
Laylat al-Mabît (en arabe : ليلة المبيت) se réfère à une nuit dans laquelle, l’Imam Ali (a) dormit dans le lit du Prophète (s) pour protéger ce dernier.
Un groupe de polythéistes de La Mecque avait décidé d’attaquer pendant cette nuit, la maison du Prophète (s), pour l’assassiner. Le Prophète (s) demanda à l’Imam Ali (a) de dormir dans son lit.
Les polythéistes ne comprirent pas que le Prophète (s) n’était pas dans son lit. Donc, le Prophète (s) réussit à quitter La Mecque et à émigrer à Médine. D’après la majorité des exégètes du Coran, le verset 207 de la sourate al-Baqara est révélé sur le sacrifice de l’Imam Ali (a) pendant Laylat al-Mabît. Cet événement eut lieu la veille du 1 Rabî’ al-Awwal 13 ou 14 ans après le début de la prophétie du Prophète (s).
Complot de l’assassinat du Prophète (s)
Après le décès d’Abu Talib, lorsque les mécréants Quraychites virent que l’islam se répandait rapidement parmi les mecquois, ils commencèrent à torturer les nouveaux musulmans pour les obliger à renoncer à leur foi.
Le Prophète (s) qui voyait les musulmans en danger, fit un pacte avec les gens de Yathrib (Médine) et ordonna aux musulmans d’émigrer à Médine. Donc, les musulmans se mirent à émigrer discrètement à cette ville.
Les mécréants Quraychites se réunirent pour trouver une solution pour mettre fin à la propagation de l’islam. Enfin, ils décidèrent d’assassiner le Prophète (s) pendant la nuit et dans son lit.[1]
Un groupe de Quraych se réunit à Dâr an-Nadwa pour décider sur la façon de l’assassinat du Prophète (s). Abu Jahl leur proposa de choisir de chaque clan, un brave guerrier et de les envoyer ensembles à la maison du Prophète (s) pour le tuer. Dans ce cas, tous les clans deviendraient coupables et les Banu Hachim (le clan du Prophète (s) ) n’arriveraient pas combattre tous les clans pour venger la mort du Prophète (s).[2]
D’après un rapport, le Satan se présenta dans leur assemblée à la forme d’un être humain et leur donna des conseils.[3]
Révélation d’un verset pour alerter le Prophète (s)
Lorsque les mécréants prirent leur décision, l’ange Gabriel alla auprès du Prophète (s), l’informa du complot des Quraychites et lui transféra l’ordre divin pour l’émigration à Médine.
- « (Prophète ! Rappelle-toi) quand ceux qui sont infidèles machinaient contre toi pour t’affermir ou te tuer ou t’expulser ! Ils machinaient alors qu’Allah machinait, mais Allah est meilleur en Sa machination ».[4]
Donc, avant l’arrivée des mécréants, le Prophète (s) quitta sa maison et émigra à Médine.[5]
Evénement de Laylat al-Mabît
La veille du 1 Rabî’ al-Awwal, le Prophète (s) dit à l’Imam Ali (a) :
- « Les polythéistes décidèrent de me tuer ce soir, est-ce que tu es prêt à dormir au lieu de moi dans mon lit pour que je puisse aller à la grotte de Thawr ? »
L’Imam Ali (a) répondit :
- « Si je le fais, vous serez en sécurité ? »
Le Prophète (s) dit :
- « Oui ».
L’Imam Ali (a) fit un sourire et fit une prosternation pour remercier Allah, puis dit :
- « Faites ce qu’on vous a ordonné. Je me sacrifie toute ma vie pour vous ».[6]
Le Prophète (s) prit Ali (a) dans ses bras et ils se mirent à pleurer.[7]
Lorsque Ali (a) dormait dans le lit du Prophète (s), l’ange Gabriel et Michael allèrent auprès de lui et l’ange Gabriel aurait dit :
Dès le début de la nuit, les mécréants Quraychites assiégèrent la maison du Prophète (s), car ils voulaient commencer leur attaque la moitié de la nuit. Mais Abu Lahab leur dit :
- « Pendant la nuit, les femmes et les enfants sont dans la maison et si on les attaque, les gens diront que nous n’avons pas respecté les enfants de notre oncle ».[10]
L’Imam Ali (a) ferma les portes. Les mécréants jetèrent des pierres vers Ali (a) pour se rassurer que le Prophète (s) était dans son lit. Ils n’avaient pas de doute que celui qui dormait était bien le Prophète (a).[11]
Le lendemain matin, lorsqu’ils attaquèrent la maison avec les épées, ils virent Ali (a) qui dormait dans le lit du Prophète (s). Ils lui dirent :
- « Où est Muhammad ? »
L’Imam Ali (a) leur dit :
- « Est-ce que vous me l’avez confié et maintenant vous me demandez où est-il ? Vous vous êtes comporté avec lui d’une façon qu’il fut obligé de quitter sa maison ».
En entendant la réponse de l’Imam Ali (a), ils le prirent, le frappèrent et le blessèrent violemment. Aussi, ils le mirent en prison pendant des heures à côté de la Kaaba, mais après peu de temps ils le libérèrent.[12]
Ils se mirent à chercher le Prophète (s) dans les chemins qui allaient vers Médine. Alors que le Prophète (s) s’était caché dans la grotte de Thawr qui ne s’était pas située dans ces chemins.[13]
D’après un autre rapport, lorsque l’Imam Ali (a) vit les mécréants se préparant d’entrer dans la maison, il réussit à prendre l’épée de Khâlid b. Walîd et put les éloigner de la maison du Prophète (s). A ce moment-là, les mécréants dirent à Ali (a) :
Révélation d’un verset sur le sacrifice d’Ali (a)
Les savants chiites et certains savants sunnites croient que le verset 207 de la sourate al-Baqara, est révélé sur l’événement de Laylat al-Mabît.
D’autres savants sunnites n’acceptèrent pas cette idée et considérèrent ce verset sur certaines autres personnes à l’époque du Prophète (s).
وَ مِنَ النَّاسِ مَن یشْرِی نَفْسَهُ ابْتِغَاءَ مَرْضَاتِ اللَّهِ وَاللَّهُ رَءُوفٌ بِالْعِبَادِ
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« (Toutefois), parmi les Hommes, il en est qui vouent leur personne (à la cause d’Allah), recherchant l’agrément d’Allah. Allah est Bienveillant envers Ses serviteurs ».
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Traduction du Coran, Régis Blachère
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Références
- ↑ Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 1 p 480
- ↑ Tabrisî, I’lâm al-Warâ, p 88
- ↑ Ibn Athîr, Al-Kâmil, v 2 p 926
- ↑ Coran, Sourate al-Anfâl, v 30
- ↑ Halabî, As-Sîrat al-Halabîyya, v 2 p 32
- ↑ Al-‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 19 p 60
- ↑ Cheikh at-Tûsî, Al-Amâlî, p 466
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Al-Amâlî, p 469
- ↑ Fakhr ar-Râzî, Mafâtîh al-Ghayb, v 5 p 174
- ↑ Halabî, As-Sîrat al-Halabîyya, v 2 p 32
- ↑ Cheikh at-Tûsî, Al-Amâlî, p 298
- ↑ Al-‘Allâma al-Majlissî, Bihâr al-Anwâr, v 19 p 92
- ↑ Cheikh al-Mufîd, Al-Irshâd, p 30
- ↑ Cheikh at-Tûsî, Al-Amâlî, p 466 - 467
- ↑ Al-‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 19 p 58 - 63