Procession de Arba'ïn

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Procession de Arba'ïn

Procession d'al-Arba'în ou la marche de Arba'în (en arabe: مسيرة الأربعين) est un très grand rassemblement annuel chiite à l'occasion de commémoration du quarantième jour (Arba'ïn) du martyre de l'Imam al-Husayn (a) et d'autres martyrs de Karbala.

Sous le règne de Saddam Hussein, des restrictions sont imposées à la célébration de cette cérémonie, mais avec la chute du parti Baas irakien en l'an 2003 C, cette cérémonie est relancée et chaque année, en plus des chiites irakiens, des chiites d'autres pays, notamment d'Iran participent également à la procession d'al-Arba'în.

Selon les rapports, en plus des chiites, des groupes de sunnites, de chrétiens, de yézidis et d’autres religions participeraient également à la marche de Arba'îne. Le nombre des participants atteint chaque année des millions de personnes.

Invitation à cette procession

Cheikh at-Tûsî a rapporté de l'Imam al-Hasan al-'Askarî (a) dans le livre d'at-Tahdhîb qu'un des cinq singes du Mu'min (croyant ou initié des enseignements des Imams (a)) est d'effectuer la Zîyârat de Arba'în.

Il y a aussi une invocation spéciale pour Arba'în rapportée par l'Imam as-Sâdiq (a)[1]. Cheikh Abbas al-Qummî cita cette invocation dans son livre Mafâtîh al-Jinân au troisième chapitre après la zîyârat de Achoura Ghyra Ma'rûfah, intitulé la Zîyârat de Arba'în[2].

Les signes de Mu'min (vrai chiite) sont cinq :

  1. de faire 51 rak'ats de prière par jour (24 heure). C'est à dire qu'en plus des 17 rak'ats de prières obligatoires journalières, il effectue aussi 34 rak'ats de nâfila (prière conseillée et non obligatoire),
  2. d'effectuer la Zîyâra de Arba'în,
  3. de mettre une bague dans sa main droite,
  4. de mettre son front sur la terre lors de sa prosternation (pour plus de précision voir Turbat de prière)
  5. de prononcer le «بسم اللّه الرّحمن الرّحيم» à voix haute (lors de ses prières)[3]

Historique

Procession de Arba'ïn en 1970

Selon certains chercheurs, procession le jour d'al-Arba'în est courant parmi les chiites depuis l'époque des Imams infaillibles (a).

Sayyid Muhammad Ali Qâdî Tabâtabâ'î écrit que le départ vers Karbala au jour d'al-Arba'în était courant parmi les chiites depuis l'époque des Imams (a) et que les chiites exigeaient cette marche également à l'époque des Umayyades ainsi qu'à l'époque des Abbassides[4].

L'auteur de Adab at-Taff (publié en 1967) parle du rassemblement des chiites à l'occasion d'al- Arba'în à Karbala et le compare avec le rassemblement des musulmans lors du Pèlerinage de Hadj à La Mecque. Il a parlé dans son livre des différentes communautés à savoir des Turcophones, Arabophones, Persanophones ainsi que ceux qui récitaient des poésie en Urdu.

Le livre d'Abad at-Taff a été publié en l'an 1388 H/1967 C, et son auteur a écrit :

« Ce ne sera pas exagéré de dire qu'un million de personnes participent à cet événement ».[5].

Interdiction de la marche de Arba'în au court du gouvernement de Saddam

À la fin du 14ème siècle, le parti Baas irakien a pris le contrôle du pouvoir en Irak. Ils savent que la marche d'al-Arba'în est un symbole de la force politique des musulmans chiites. Le gouvernement de Saddam a alors interdit la marche de Arba'în et parfois attaqué cruellement des pèlerins. Avec cette interdiction, certains chiites se rendent secrètement en pèlerinage à Karbala. La même année, l'ayatollah Sayyid Muhammad as-Sadr a annoncé le pèlerinage obligatoire à al-Arba'în[6].

Intifâda de Arba'în

Le parti Baas irakien a limité les rituels religieux et a empêché la création de tout Mûkib (un lieu où les pèlerins mangent et se reposent), et les processions à Karbala[7]. Cependant, durant le 15 Safar 1977 C, les habitants de Nadjaf se préparèrent pour la marche d'al-Arba'în[8].

Une caravane de trente mille personnes est venue à Karbala. Dès le début, les forces gouvernementales se sont opposées à ce mouvement et quelques pèlerins ont été tué[9]. Enfin, sur la route de Nadjaf à Karbala, les forces armées ont attaqué des personnes, ont arrêté des milliers. Sayyid Muhammad Bâqir al-Hakîm est condamné à la prison à vie lors de cette Intifada et certains ulémas tels qu'al-'Allâma 'Askarî et Sayyid Muhammad Husayn Fadl Allah qui s'étaient échappés d'Irak ont ​​également été condamnés à mort par contumace.[15][10].

Procession durant les années récentes

Quant à la période contemporaine, il est important de savoir qu'à l'époque de Saddam Hussein, toute sorte de commémoration et cérémonie de deuil était interdite[11]. Ainsi ce fut pour la première fois, en 2003, que les chiites ont pu effectuer leur marche vers Karbala. La première année après la chute de Saddam, seulement 2-3 millions de personnes y ont participé. Mais depuis, le nombre des participants augmente très visiblement, chaque année.

En 2013 (1392 HS-1435 H) selon certains rapports, autour de 15 millions de personnes, toutes nationalités confondues, avaient participé à cette procession[12].

En l'an 1401 SH/1444 H, qui était la première année sans restrictions corona après quelques années d'épidémie de corona, les agences de presse ont annoncé que le nombre de pèlerins à Karbala était supérieur à 21 millions.

Allochtones présents à la marche

Il faut préciser que la plupart de ces pèlerins sont des Irakiens, mais il y a aussi ceux qui y viennent d'autres pays. En 2013 par exemple, 1 300 000 pèlerins y étaient allés d'autres pays.

Distance de marche

Les visiteurs irakiens marchent de leur propre ville à Karbala. Cependant, les chiites qui ont rejoint la marche de Arba'în en Iran et d’autres pays ont commencé à marcher depuis Nadjaf vers Karbala. La distance entre Karbala et Nadjaf est d'environ 80 km. 1452 colonnes (poteaux le long de la route) sont fournies aux visiteurs. La distance entre les deux pôles est de 50 mètres. Cela signifie que tous les 20 poteaux font 1 kilomètre. Il faut marcher 20-25 heures en moyenne pour parcourir toute la distance. En moyenne, cette distance est parcourue en 3 ou 4 jours en marchant 7 à 8 heures par jour. La journée idéale pour marcher de Nadjaf à Karbala est le 16 Safar[13].

En outre, il existe une autre route reliant Nadjaf à Karbala, connue sous le nom de Tarîq al-Ulama (chemin des ulémas) ou Tarîq al-Furât (chemin de l'Euphrate), et certains pèlerins d'al-Arba'în atteignent Karbala par cette route. Tarîq al-Ulama traverse les bosquets au bord de l'Euphrate et sa distance est de 89 km. Dans le passé, les savants de Nadjaf utilisaient cet itinéraire pour marcher pendant al-Arba'în. L'une des raisons pour lesquelles les érudits ont utilisé cette méthode était l'interdiction imposée sous le régime du Baas irakien concernant la marche à al-Arba'în et le pèlerinage de Karbala.

Moeurs et coutumes

  • Réciter Hawsa : Une des Moeurs et coutumes des Irakiens sur le chemin de Karbala le jour de Arba’în est la récitation de "Hawsa". Hawsa fait référence à des poèmes spéciaux pour les tribus arabes du sud de l'Irak. Ces poèmes expriment l'héroïsme et le courage et sont utilisés pour inciter les hommes à accomplir de grandes et difficiles tâches. Après la récitation par le poète, les gens répètent un couplet du poème et avancent en cercle[14].
  • Début de la cérémonie : La cérémonie de deuil commence cinq jours avant al-Arba'în en entrant dans les caravanes de Ta'dhîya. Ensuite, des groupes de batteurs de poitrine et de batteurs de chaînes entrent et la cérémonie principale commence le jour d'al-Arba'în, deux heures après midi. Les pèlerins se tiennent près de l'entrée du sanctuaire de l'Imam al-Husayn (a) et récitent une plainte et la répètent tout en se frappant la poitrine et, à la fin, ils lèvent les mains en signe de salutation et de respect[15].
  • Servir les pèlerins : Pendant les journées de procession, les nomades vivant à côté de l'Euphrate installent de grandes tentes appelées Mûkib ou Mudif (guesthouse) sur le chemin de la procession et reçoivent et servent les pèlerins et les hébergent pour se reposer. Les communautés religieuses d'Irak ont installé de nombreux Mûkib-s et fourni des services gratuits aux pèlerins[16]. La gestion des mawkibs est effectuée par des personnes indépendantes du gouvernement[17].

Voir aussi

Références

  1. Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 6, p 113, 1407 H
  2. Al-Qummî, Cheikh Abbas, Mafâtîh al-Jinân, p 642
  3. Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol.6, p. 52
  4. Qâdî Tabâtabâ'î, Tahqîq Darbâriyi Awwal Arba'în Hadrat Sayyid ash-Shuhadâ' (a), p 2
  5. Shubbar, Adab at-Taff wa ash-Shu'arâ' al-Husayn (a), vol 1, p 41
  6. Mazâhirî, Farhangi Sûgi Shî'a, p 102, 1395 HS
  7. Al-Mu'min, Sanawât al-Jamar, p 165, 2004 C
  8. Al-Asadî, Mûjiz Târîkh al-'Arâq as-Sîyâsî, al-Hadîth, p 101, 2001 C
  9. Waylî, Nahdat Islâmî Shî'ayân Irak, p 81, 1373 HS
  10. Al-Mu'min, Sanawât al-Jamar, p 170, 2004 C
  11. Mazâhirî, Farhang Sûgi Shî'a, p 102, 1395 HS
  12. http://imamhussain.org/news/22745
  13. https://www.isna.ir/news/93091710163/%DA%86%D8%B1%D8%A7-%D9%BE%DB%8C%D8%A7%D8%AF%D9%87-%D8%B1%D9%88%DB%8C-%D8%A7%D8%B1%D8%A8%D8%B9%DB%8C%D9%86-%D8%AB%D9%88%D8%A7%D8%A8-%D8%AF%D8%A7%D8%B1%D8%AF
  14. Abâdharî, Pîyâdi Rawî Arba'în Dar Sîra va Sukhanân Buzurgân, p 146
  15. Abâdharî, Pîyâdi Rawî Arba'în Dar Sîra va Sukhanân Buzurgân, p 147
  16. Abâdharî, Pîyâdi Rawî Arba'în Dar Sîra va Sukhanân Buzurgân, p 163
  17. Mazâhirî, Farhang Sûgi Shî'a, p 100, 1395 HS

Bibliographie

  • Abâzarî, Abd ar-Rahîm, Pîyâdi Rawî Arba'în Dar Sîra va Sukhanân Buzurgân, Magazîn Farhangi Zîyârat, n 19 et 20, 1393 H
  • Al-Asadî, Mukhtâr, Mûjiz Târîkh al-'Irâq as-Sîyâsî al-Hadîth, centre d'ash-Shahîdayn as-Sadrayn li ad-Dirâsat wa al-Buhûth, 2001 C
  • Al-Mû'min, Ali, Sanawât al-Jamar, Beyrouth, al-Markaz al-Islâmî al-Mu'âsir, 2004 C
  • Al-Qummî, Cheikh Abbas, Mafâtîh al-Jinân,
  • Cheikh at-Tûsî, Muhammad b. al-Hasan, Tahdhîb al-Ahkâm, Téhéran, Dâr al-Kutub al-Islâmîyya, 1407 H
  • Mazâhirî, Muhsin Hisâm, Farhang Sûgi Shî'a, Téhéran, Nashr Khayma, 1395 HS
  • Qâdî Tabâtabâ'î, Sayyid Muhammad Ali, Tahqîq Dabâri Awwal Arba'în Hadrat Sayyid ash-Shuhadâ' (a), Qom Bunyâd 'Ilmî va Farhangî Shahîd aytollah Qâdî Tabâtabâ'î, 1368 HS
  • Shubbar, Sayyid Jawâd, Adab at-Taff wa Shu'arâ' al-Husayn (a), Beyrouth, Dâr al-Murtadâ
  • Waylî, Joyce N, Nahdat Islâmî Shî'ayân Irâq, traduction de Mahwash GHulâmî, institut Ittilâ'ât, 1373 HS