Hadith Qurb al-Nawâfil

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Hadith de Qurb al-Nawâfil (en arabe : حديث قرب النوافل), ou Hadith de la proximité de Dieu par le biais des pratiques surérogatoires, est un hadith Qudsi adressé par Dieu au Prophète (s) lors de son voyage nocturne (Mi'râj). Le hadith concerne la statut du croyant auprès de Dieu et l'importance de ses pratiques obligatoires (farâ'id) et surérogatoires (nawafil) dans le rapprochement entre lui et Dieu.

Selon une partie du hadith, le serviteur fidèle obtient la proximité de Dieu en faisant des actes obligatoires et supplémentaires ou surérogatoires, et ainsi Dieu devient ses organes. Les mystiques musulmans prennent cette phrase comme une preuve pour leur idée de l'Unité de l'être, et comme l'expression du stade de l'anéantissement dans les attributs de Dieu ou de l'anéantissement dans l'essence de Dieu. Selon les juristes musulmans et les spécialistes de hadith, cette expression devrait néanmoins être comprise de manière métaphorique ou figurative et comme une référence aux aides divines au croyant, et non pas au pieds de la lettre.

Le hadith de Qurb al-Nawâfil, rapporté du Prophète (s), est cité dans des sources chiites et sunnites avec des légères différences.

Nomination

Le Hadith de Qurb al-Nawâfil est un hadith Qudsi adressé par Dieu au Prophète(s) lors la nuit du Mi'râj. Le hadith est en effet une réponse à une question posée par le Prophète(s) à Dieu, au sujet de la place (ou le statut ou l'état = hâl) du croyant auprès de Dieu[1]. Il est connu sous le nom de "Qurb al-Nawafil" (proximité de Dieu par le biais des pratiques surérogatoires), parce que dans la dernier passage de ce hadith l'importance des pratiques surérogatoires (Nawâfil) est mentionnée. Nafâwil est une forme plurielle de nâfila, et fait référence à des choses ou des actions supplémentaires ou additionnelles [2] et non pas obligatoires.

Contenu

Selon le Hadith de Qurb al-Nawafil, toute insulte envers l'ami de Dieu (walî) équivaut à un combat contre Dieu. Dieu parle de sa hâte pour aider son ami dans ce cas. Aussi Il dit : "Je ne doute rien autant que je doute de la mort d'un Mu'min (croyant). Car il déteste mourir, et je déteste le rendre triste". De plus, selon ce hadith, certains croyants ne s'améliorent que par la pauvreté, et d'autres, que par la richesse, et que chaque groupe serait anéanti autrement.

Selon le Hadith de Qurb al-Nawafil, l'acte le plus aimé de Dieu est de faire les devoirs obligatoires, ce sont un moyen d'obtenir la proximité de Dieu. Le Nawafil ou les pratiques surérogatoires sont également des moyens d'obtenir la proximité de Dieu. Le hadith dit aussi : "si quelqu'un cherche à se rapprocher de moi par un acte de surérogatoire, je l'aimerai et je deviendrai ses oreilles, ses yeux, sa langue et sa main, grâce auxquels il pourra entendre et voir, et s'il m'appelle, je lui répondrai et j'accomplirai ses voeux"[3]..

Interprétations

Point de vue des mystiques

Les mystiques musulmans, suivant Ibn Arabi, considèrent ce hadith comme un document ou une preuve qui affirme la vérité de l'idée de l'Unicité de l'être ( Wahdat al-wujud) [4]. Selon Ibn Arabi, le sens du passage de ce hadith qui dit que Dieu deviendra l'oeil et l'oreille du croyant (mu'min), est l'anéantissement de l'homme dans les attributs du Vrai, de Dieu.

Selon Seyyed Haydar Amulî aussi ce hadith est une preuve de l'idée mystique de "l'anéantissement en Dieu" (fanâ fi Allah), où l'Aimé et celui qui L'aime deviendront Un seul.

Selon ses mystiques, l'avancement dans la voie mystique se réalise en deux étapes : d'abord par une proximité (de Dieu) à travers les actes obligatoires (farâi'd) puis, une proximité par les actes supplémentaires (nawâfil).

Selon l'ayatollah Khomeini, le sens de ce hadith revient à l'anéantissement (fanâ) dans les actes de Dieu (fanâ-ye af'âlî), à l'anéantissement dans les attributs de Dieu (fanâ-ye sifâtî) et l'anéantissement dans l'essence de Dieu (fanâ-ye dhâtî). Il a également adapté la proximité par les actes obligatoire à l'idée de l'idée de la persistance après l'anéantissement.

Certains mystiques considèrent que l'étape de la proximité de Dieu via les actes obligatoires est supérieure à l'étape de la proximité de Dieu via les actes surérogatoires. Selon eux, l'anéantissement dans l'essence de Dieu est une suite d'une proximité atteinte par les actes obligatoires, tandis que l'anéantissement dans les attributs de Dieu est une suite d'une proximité atteinte par les actes surérogatoires. Aussi ils pensent que dans une proximité atteinte par les actes obligatoires, c'est l'homme qui fait une ascension vers Dieu, tandis que dans une proximité obtenue par les actes surérogatoires, c'est Dieu qui descent vers l'homme.

Il serait peut-être intéressant de mentionner ici l'avis de Michel Chodkiewicz, grand savant et mystique français, spécialiste du soufisme akbarien (Ibn Arabi), à propos de ce hadith qudsi. Il écrit:

"La pratique des nawâfil suppose un choix (ikhryârât), et donc encore une volonté propre. Celle des farâ'id, soumission exclusive à la loi sacrée, est l'expression parfaite de la pure servitude, l'aveu définitif du néant ontologique de la créature"[5].

Point de vue des faqih et des muhaddis

Pour certains des faqih (juristes) et des muhaddis (savants de la science de hadith) les phrases de ce hadith sont métaphoriques et ne devraient pas être interprétées littéralement. Ceux-ci s'opposent à l'idée de l'Unicité de l'être et pensent qu'au contraire, on devrait interpreter ce hadith de sorte de ne pas arriver à l'idée de fanâ (anéantissement). Ils ont ainsi mentionné divers aspects et sens pour ce hadith dont :

  • Dieu aide le croyant (mu'min) quand il fait les choses uniquement pour le contentement de Dieu
  • Dieu aide le croyant comme ses organes l'aident
  • Dieu devient précieux pour le croyant comme ses organes lui sont précieux
  • Le croyant cherche l'aide seulement auprès de Dieu
  • Dieu et le croyant se rapprochent

Source du hadith

Ce hadith est rapporté aussi bien dans les sources chiites que dans les sources sunnites, avec peu de differences. Dans les sources chiites, il est rapporté par Abân b. Taghlib de l'Imam Bâqir (a), et par Himâd b. Bashir de l'Imam Sâdiq (a), les deux Imams l'ayant rapporté du Prophète (s).

Dans les sources sunnites ce hadith est rapporté par diverses personnes comme Aïsha et Maymuna (les épouses du Prophètes), et Abu Hurayra, tous du Prophète (s) lui même[6].

Certains considèrent ces sources comme faibles, d'autres les considèrent comme authentiques.

Texte du hadith

Voici le texte du hadith :

Traduction Phonétique Texte
Le Prophète lors de son ascension celeste, dit : Ô Dieu! Comment est l'état du mu'min (croyant : celui qui a la foi) auprès de toi?

Dieu dit : Ô Muhammad! Celui qui blesse (ou insulte) Mon ami (walî) est comme celui qui est venu Me combattre, et Je n'ai hâte pour secourir Mes amis. Je n'ai de doute que quand Je fais mourir un mu'min (croyant), puisqu'il n'aime pas la mort, et car Moi je n'aime pas son mécontentement. Certes, il y a de mes serviteurs croyants qui ne s'améliorent que par la richesse (ghanâ), et si je leur donne autre chose ils périront ; il y a de Mes serviteurs croyants (mu'min) qui ne s'améliorent que par la pauvreté et par le manque (faqr), et si je leur donne autre chose ils périront. Mon serviteur ne se rapproche (de Moi) qu'avec l'acte obligatoire que J'aime le plus. Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par des oeuvres surérogatoires (nâfila) jusqu'à ce que Je l'aime, et lorsque Je l'aime, c'est Moi qui suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il perçoit, sa langue par laquelle il parle, et sa main avec laquelle il saisit. S'il Me sollicite, Je lui accorderai certainement ce qu'il me demande, et s'il cherche refuge en Moi, Je lui accorderai certainement Ma protection.

maximum 75 parties


Phonétique

لَمَّاأُسْرِی‏ بِالنَّبِی ص‏ قَالَ يَا رَبِّ مَا حَالُ الْمُؤْمِنِ عِنْدَكَ؟ قَالَ يَا مُحَمَّدُ! مَنْ أَهَانَ لِي وَلِيّاً فَقَدْ بَارَزَنِي بِالْمُحَارَبَةِ، وَأَنَا أَسْرَعُ شَيْ‌ءٍ إِلَى نُصْرَةِ أَوْلِيَائِي، وَمَا تَرَدَّدْتُ عَنْ شَيْ‌ءٍ أَنَا فَاعِلُهُ كَتَرَدُّدِي عَنْ وَفَاةِ الْمُؤْمِنِ يَكْرَهُ الْمَوْتَ، وَأَكْرَهُ مَسَاءَتَهُ، وَإِنَّ مِنْ عِبَادِيَ الْمُؤْمِنِينَ مَنْ لَا يُصْلِحُهُ إِلَّا الْغِنَى، وَلَوْ صَرَفْتُهُ إِلَى غَيْرِ ذَلِكَ لَهَلَكَ، وَإِنَّ مِنْ عِبَادِيَ الْمُؤْمِنِينَ مَنْ لَا يُصْلِحُهُ إِلَّا الْفَقْرُ، وَلَوْ صَرَفْتُهُ إِلَى غَيْرِ ذَلِكَ لَهَلَكَ، وَمَا يَتَقَرَّبُ إِلَيَّ عَبْدٌ مِنْ عِبَادِي بِشَيْ‌ءٍ أَحَبَّ إِلَيَّ مِمَّا افْتَرَضْتُ عَلَيْهِ، وَإِنَّهُ لَيَتَقَرَّبُ إِلَيَّ بِالنَّافِلَةِ حَتَّى أُحِبَّهُ فَإِذَا أَحْبَبْتُهُ كُنْتُ إِذاً سَمْعَهُ الَّذِي يَسْمَعُ بِهِ، وَبَصَرَهُ الَّذِي يُبْصِرُ بِهِ، وَلِسَانَهُ الَّذِي يَنْطِقُ بِهِ، وَيَدَهُ الَّتِي يَبْطِشُ بِهَا، إِنْ دَعَانِي أَجَبْتُهُ، وَ‌إِنْ سَأَلَنِي أَعْطَيْتُهُ.

texte de chapitre


Voir aussi

Hadith de Mi'râj

Références

  1. Kulayni, al-Kâfî, 1407 h. l., vol.2, p. 325
  2. Cf. Tabâtabâ'i, al-Mizân, 1417 h.l., vol.13, p. 175
  3. Kulayni, al-Kâfî, 1407 h. l., vol.2, p. 325
  4. voir: Ibn Arabi, al-Futûhât, vol2, p. 322-322; Ibn Tarka, Sharh-e fusûs al-hikam, 1420 h.l., vol.1, p. 319
  5. Michel Chodkiewicz, 1988, "L'offrande au Prophète", revue Connaissance des Religions, juin-septembre 1988, pp. 30-40
  6. Cf. in : Bukhâri: Ar-Riqaq (81), 38; Ibn Hanbal