Sahw an-Nabî

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Sahw an-Nabî (en arabe : سَهْوُ النَّبی) est une question théologique. Sahw signifie : faire une erreur par omission ou par oubli. Le sujet de Sahw an-Nabî, parle de ce que si c’est possible que le Prophète (s) fasse une erreur par omission ou il oublie quelque chose ou ce n’est pas possible ? En effet, quand on dit « Sahw an-Nabî », on ne parle pas seulement du Prophète (s), mais on parle des personnes immaculées, c’est-à-dire : tous les prophètes (a) et les quatorze immaculés (a).

Parmi les savants chiites, ce que le Prophète (s) ne fit jamais d’erreur et n’oublia pas aucune chose, est un avis élu à la majorité. Il y avait seulement quelques savants comme cheikh as-Sadûq et son professeur, Ibn al-Walîd qui acceptaient cette opinion. Ces derniers croient que le Prophète (s) ne commet jamais de péché et il est également infaillible en ce qui concerne ses devoirs de prophétie. Mais, il est possible que dans les affaires quotidiennes, il oublie quelque chose.

Autrement dit, infaillibilité a trois niveaux : 1. Infaillibilité en recevant et en déclarant la révélation (al-Wahy) aux gens. 2. Infaillibilité par rapport aux péchés. 3. Infaillibilité en ce qui concerne la vie quotidienne.

Les deux premiers niveaux sont unanimes et il n’existe aucun opposant. Mais, à propos de la vie quotidienne du Prophète (s), la plupart des savants également croient en l’infaillibilité de l'Envoyé de Dieu (s). Ils considèrent que le Prophète (s) est une personne immaculée; il ne commet jamais de péché ni de faute et même ne fait pas une erreur par omission ; il n’oublie aucune chose même dans sa vie quotidienne et les affaires ordinaires. Par exemple, s’il emprunte qqch à qqn, ne l’oubliera pas.

Par contre, cheikh as-Sadûq dit que pour déclarer la révélation et aussi face aux péchés, le noble Prophète (s) est immaculé ; mais, dans d’autres cas, c’est possible qu’il fasse une erreur par oubli dans sa vie quotidienne.

Les partisans de la possibilité de Sahw an-Nabî se réfèrent aux hadiths, dans lesquels le Prophète (s) fit une erreur dans sa prière. Au contraire, les opposants de cette opinion en prouvant des arguments, disent que ces hadiths sont inauthentiques.

Concept

« Sahw an-Nabî » est une question théologique.[1] Au point de vue des théologiens, « Sahw an-Nabî » signifie l’erreur du Prophète (s) par rapport aux pratiques cultuelles et aux affaires ordinaires.[2]

Dans le sujet « Sahw an-Nabî », la question est de savoir que dans les pratiques cultuelles ou les affaires quotidiennes, est-ce qu'il est possible que le Prophète (s) oublie quelque chose ou fait une erreur ? Par exemple, il oublie une partie de sa prière ou il emprunte 1 000 dirhams et par erreur rend 100 dirhams.[3]

La question de Sahw an-Nabî est abordée, dans les livres théologiques, dans la section relative à l'infaillibilité des prophètes (a) et dans les ouvrages de fiqh, dans la section des préceptes liés à l’omission (as-Sahw) dans la prière.[4]

Différents points de vue

En ce qui concerne « Sahw an-Nabî », il y a deux points de vue parmi les savants chiites. Selon le consensus des ulémas, c’est une question impossible. D’autre part, certains, comme cheikh as-Sadûq considère qu’oublier une chose de la part du Prophète (s) ou faire une erreur par omission est autorisé et possible.[5]

Partisans de Sahw an-Nabî

Ibn al-Walîd, cheikh as-Sadûq, Sayyid al-Murtadâ,[6] cheikh at-Tabrisî et ‘Allâma Shûshtarî[7] sont les partisans de la possibilité de « Sahw an-Nabî ».[8]

Dans le livre « Man Lâ Yahduruhu al-Faqîh », cheikh as-Sadûq défend cet avis. Il croit que le Prophète (s) est une personne immaculée dans sa mission (la prophétie) et la transmission d’al-Wahy et il est celui qui ne commet jamais de péché ; mais dans les sujets comme faire la prière et la vie quotidienne, il peut se tromper.[9]

Cheikh as-Sadûq ajoute que Sahw an-Nabî n’est comme les erreurs de l’homme, mais Dieu rend le Prophète (s) oublieux (on dit en arabe : Ishâ' - إسهاء) afin que savoir qu’il est un être humain et non un dieu.[10]

Preuves

Les partisans de cet avis, se réfèrent au Coran et aux hadiths. En ce qui concerne l’interprétation du verset 68 de la sourate al-An‘âm, cheikh at-Tabrisî dit :

« Le Prophète (s) et les Imams (a) ne font pas d’erreur et n’oublient pas pour déclarer la révélation et la religion aux gens. Mais, il est possible, dans d’autres questions, qu’ils oublient quelque chose ou font une erreur par omission ; tant que cela ne conduit pas au déséquilibre mental.[11]

Cheikh as-Sadûq mentionne quelques hadiths qui parlent d’une erreur du Prophète (s) dans la prière.[12] Ces hadiths sont évoqués dans les sources de hadiths des chiites et des sunnites.[13]

Ayatollah Subhânî déclare que le nombre de ces hadiths atteint 12 hadiths au maximum.[14] Par exemple, dans un hadith de l’Imam as-Sâdiq (a), le Prophète Muhammad (s), dans la deuxième rak‘a de la prière d’az-Zuhr, fit par erreur at-Taslîm (la salutation) et conclut sa prière. Après la prière, les musulmans le rappelèrent qu’il a conclu la prière en deuxième rak‘a. Puis, il compléta la prière et fit deux prosternations d'as-Sahw.[15]

Opposants de Sahw an-Nabî

Livre « Risâlatun fî ‘adm Sahw an-Nabî » écrit par cheikh al-Mufîd.

Selon l'ayatollah Subhânî, la plupart des savants chiites comme cheikh al-Mufîd, ‘Allâma al-Hillî, al-Muhaqqiq al-Hillî et ash-Shahîd al-Awwal sont contre Sahw an-Nabî.[16] Il dit que Sahw an-Nabî, parmi les chiites, est une opinion inacceptable.[17]

Les ulémas qui n’acceptèrent pas Sahw an-Nabî, écrivirent des ouvrages dans ce domaine. A titre d’exemple, le livre « Risâlatun fî ‘Adam Sahw an-Nabî » du cheikh al-Mufîd[18] et le livre « at-Tanbîh bi al-Ma‘lûm min al-Burhân ‘an Tanzîh al-Ma‘sûm min as-Sahw wa an-Nisyân », écrit par cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, sont parmi les ouvrages qui réfutent cette opinion.[19]

Prevues

Selon l’avis de cheikh al-Mufîd, les hadiths liés à Sahw an-Nabî sont al-Khabar al-Wâhid[20]. Ces hadiths sont soupçonnables et par conséquent, on ne peut pas les confier.[21] Aussi, à cause de la grande différence entre les teneurs de ces hadiths, il les rejeta.[22]

‘Allâma al-Hillî dans son livre, Kashf al-Murâd, écrit :

« Il est nécessaire de l’infaillibilité des prophètes (s) face aux péchés ; parce que le but d’envoyer les prophètes (a) se réalise quand ils soient immaculés. En d’autres termes, si le mensonge, comme exemple, est permis pour les prophètes (a) dans leur vie quotidienne, donc ça sera possible de mentir dans la déclaration de la révélation ; et en ce cas, personne ne leur obéira et cela est contraire à l’envoi des prophètes (a) ; … Aussi, les prophètes (a) sont immaculés en ce qui concerne as-Sahw, afin de ne pas faire une erreur par omission ou de ne pas oublier quelque chose.[23][24]

Dans son livre de fiqh, Muntaha al-Matlab, Al-‘Allâma déclare que Sahw an-Nabî, du point de vue de la raison, est une question impossible. C’est pour ce motif qu’il n’accepte pas les hadiths de sahw an-Nabî.[25] Aussi, Ash-Shahîd al-Awwal en prouvant la même preuve, réfute ces hadiths.[26]

Livres

Certains livres à propos de la question de « Sahw an-Nabî » :

  • Risâlatun fî ‘Adam Sahw an-Nabî (s),[27] écrit par cheikh al-Mufîd
  • Nafy as-Sahw ‘an an-Nabî (a),[28] écrit par Mirza Jawâd Tabrîzî
  • Risâlatun fî Sahw an-Nabî,[29] écrit par Muhammad Taqî Shûshtarî ; ce livre a été imprimé à la fin de le onzième volume du livre « Qâmûs ar-Rijâl ».[30]
  • Risâlatu Sahw an-Nabî,[31] écrit par Muhammad Ismâ‘îl Khâjû’î
  • ‘Allâma al-Majlisî, dans le livre « Bihâr al-Anwâr » consacra la seizième partie de l’histoire du Prophète de l'islam (s) à ce sujet.[32]

Voir aussi

Références

  1. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 292
  2. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 291 - 292
  3. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 292
  4. Ayatollah Subhânî, Al-Ilâhîyyât, p 191 ; Sayyid Murtadâ, Tanzîh al-Anbyîâ’, p 34 - 41 ; Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 291 ; ‘Allâma al-Hillî, Muntaha al-Matlab, vol 7, p 78 ; Ash-Shahîd al-Awwal, Az-Zikrâ, vol 4, p 10
  5. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 302
  6. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 305
  7. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 306
  8. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 302
  9. Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruhu al-Faqîh, vol 1, p 359
  10. Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruhu al-Faqîh, vol 1, p 360
  11. Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 4, p 490
  12. Cheikh as-Sqdûq, Man Lâ Yahduruhu al-Faqîh, vol 1, p 360, 1413 H
  13. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbîyâ’, p 304 – 305
  14. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbîyâ’, p 305
  15. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 3, p 355
  16. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 302 et 304
  17. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 303
  18. Ibrâhîmî râd, Tahlîl wa Barrisî Riwâyât Sahw an-Nabî (s), p 57
  19. Ibrâhîmî râd, Tahlîl wa Barrisî Riwâyât Sahw an-Nabî (s), p 57
  20. al-Khabar al-Wâhid, c’est un hadith que le nombre de narrateurs dans toutes les chaînes de transmission n'est pas suffisant pour vérifier l'authenticité de hadith.
  21. Cheikh al-Mufîd, ‘Adam Sahw an-Nabî, p 21
  22. Cheikh al-Mufîd, ‘Adam Sahw an-Nabî, p 22
  23. C’est-à-dire, dans leur vie et leurs affaires ordinaires, ils ne font pas d’erreur par omission et n’oublient pas. Parce que le prophète qui oublie d’emprunter de l’argent, ça sera aussi possible qu’il oublie la révélation divine ; et cela n’est jamais possible.
  24. ‘Allâma al-Hillî, Kashf al-Murâd, p 472
  25. ‘Allâma al-Hillî, Muntaha al-Matlab, vol 7, p 78
  26. Ash-Shahîd al-Awwal, Az-Zikrâ, vol 4, p 10
  27. Un livre sur l’impossibilité de Sahw an-Nabî
  28. Réfutatin de Sahw du Prophète (s)
  29. Un livre concernant Sahw an-Nabî (s)
  30. Ayatollah Subhânî, ‘Ismat al-Anbyîâ’, p 306
  31. Livre de Sahw an-Nabî (s)
  32. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 17, p 17 - 129

Bibliographie

  • Ibrâhîm Rad, Muhammad, Tahlîl va Barrisî Riwâyât Sahw an-Nabî (s), ‘Ulûm Hadith, n 53, 1388 H
  • Subhânî, Ja’far, al-Ilâhîyât ‘Alâ Huda al-Kitâb wa as-Sunnat wa al-‘Aql, Hasan Muhammad Makkî ‘Âmilî, Qom, al-Markaz al-‘Âlamîyya li ad-Dirâsât al-Islâmîyya, editon 4, 1413 H
  • Subhânî, Ja’far, ‘Ismat al-Anbîyâ’ fi al-Qur’ân al-Karîm, Qom, institut Imam Sâdiq (a), edition 2, 1420 H
  • Sayyid al-Murtadâ, Tanzîh al-Anbîyâ’ wa al-A’imma, chercheur Fâris Hassûn Karîm, Qom, Bûstâni Kitâb, 1422 H
  • Shahîd al-Awwal, Muhammad b. ‘Âmimî al-Makkî, Dhikra ash-Shî’a fî Ahkâm ash-Sharî’a, Qom, institut Âl al-Bayt (a), edition 1, 1419 H
  • Cheikh as-Sadûq, Muhammad b. Ali, Man Lâ Yahduruhu al-Faqîh, Qom, Daftar intishârât Islâmî, edition 2, 1413 H
  • Cheikh al-Mufîd, Muhammad, ‘Adam Sahw an-Nabî, Qom, Al-Mu’tamar al-‘Âlamî li cheikh al-Mufîd, edition 1, 413 H
  • Al-‘Allâma al-Hillî, Hasan b. Yûsuf, Kashf al-Murâd fî Sharh Tajrîd al-I’tiqâd, Qom, institut Intishârât Islâmî, edition 7, 1417 H
  • Al-‘Allâma al-Hillî, Hasan b. Yûsuf, Muntaha al-Matlab fî Tahqîq al-Madhhab, Mechhed, Majma’ al-Buhûth al-Islâmîyya, edition 1, 1412 H
  • Cheilh at-Tabrisî, FAdl b. Hasan, Majma’ al-Bayân fî Tafsîr al-Qur’ân, Téhéran, Nâsir Khusraw, 1372 HS
  • Cheikh al-Kulaynî, Muhammad b. Ya’qûb, al-Kâfî, chercheur : Ali Akbar Ghaffârî, Téhéran, Dâr al-Kutub al-Islâmîyya, edition 4, 1407 H
  • Al-‘Allâma al-Majlisî, Muhammad Bâqir, Bihâr al-Anwâr al-Jâmi’at li Durar Akhbâr al-A’immat al-Athâr, Beyrouth, Dâr Ihyâ’ at-Turâth al-Arabî, edition 2, 1403 H