Al-Mi‘râj

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Le Mi'râj du Prophète (s), un chef-d'œuvre peint par Mahmoud Farshchian, le maître de la peinture et des miniatures iraniennes.

Al-Mi'râj (en arabe : المِعراج) et Al-Isrâ' (en arabe : الإسراء) dit ascension ou ascension céleste en français, est le voyage nocturne du Prophète (s) de La Mecque à la mosquée al-Aqsa, puis de là au ciel. Les chiites et les sunnites sont unanimes sur qui concerne le Mi'râj selon les versets et hadiths fréquents, mais ils ne sont pas d'accord sur le moment, le lieu, le nombre, la condition et la nature physique ou spirituelle de cet événement.

Selon les hadiths, on sait que cet événement s'est avéré pendant les dernières années du séjour du Prophète (s) à La Mecque ; de même selon les mêmes sources, on sait que lors de Mi'râj, le Prophète (s) a vu des signes divins a observé les gens au Paradis et à l'Enfer, et a rencontré des anges et les âmes de certains grands prophètes (a). Selon les mêmes textes, lors de cet événement, le Prophète (s) a eu une discussion avec Dieu. Cette discussion est connue aujourd'hui sous le nom de hadith de Mi'râj.

Deux sourates coraniques abordent également cet événement ; elles sont la Sourate al-Isrâ' et la Sourate an-Najm.

Signification

Littéralement, Mi'râj signifie échelle, escalier et tout ce qui permet de monter [1] alors qu'en usage, il fait référence au voyage nocturne du Prophète (s), de La Mecque à la Mosquée al-Aqsâ et de là vers le ciel et vers Sidrat al-Muntaha et la position du Qâb Qawsayn divin [2].

Dans le Coran et dans les hadiths

Selon at-Tabrisî, le Mi'râj du Prophète (s) est l'une des questions que les hadiths chiites et sunnites soutiennent fréquemment [3]. L'histoire du Mi'râj a été mentionnée dans les deux Sourates 17 (Sourate Al-'Isrâ') et 53 (Sourate an-Najm) du Coran [4].

Date

Selon une célèbre tradition, ce voyage nocturne du Prophète (s) a eu lieu dans les dernières années de son séjour à La Mecque (après la Bi'tha et avant l'Hégire) [5], mais il y a des divergences dans les récits concernant l'année exacte de son voyage et sur si c'était avant ou après la mort de son oncle Abû Tâlib [6].

Trajet nocturne

D'après les deux mots "layl" (arabe : لیلاً, de nuit) et "asra" (arabe : أسری, emporté en voyage) dans le premier verset de la sourate 17 du Coran (sourate al-Isra'), on peut comprendre que ce voyage a eu lieu dans la nuit [7]. Mais au sujet de quelle nuit, il a eu lieu, il y a beaucoup de divergences. Dans la plupart des cas, on a raconté que cela a eu lieu dans l'une des nuits suivantes :

La durée du voyage céleste du Prophète (s) de La Mecque à Jérusalem et à la Mosquée al-Aqsa ainsi qu'aux cieux et à son retour, n'a pas duré plus d'une nuit. C'est-à-dire que le lendemain matin le Prophète (s) était à La Mecque [12].

Il est cité dans Tafsîr al-'Ayâshî que l'Imam as-Sâdiq (a) disait : «le Prophète (s) accomplit les prières de 'Isha et celle de Fajr à La Mecque[13] ". Ce qui signifie le Isrâ' et le Mi'râj se situe dans un temps entre ces deux prières (une nuit entière).

Lieu du départ et du retour

Il y a des divergences dans les avis sur les détails du Mi'râj du Prophète (s) et sur la question de si son lieu de départ et son lieu de retour étaient la maison d' Umm Hânî, al-Masjid al-Harâm ou Shi'b Abî Tâlib [14]. Toutefois, le récit le plus célèbre est celui selon lequel, dans cette nuit, le Prophète (s) était dans la maison de Umm Hânî, fille du Abî Tâlib, et cette maison était son point départ et le lieu de son retour [15].

Pour expliquer pourquoi le Coran a mentionné le Masjid al-Harâm comme le point de départ de ce voyage, il est dit que les Arabes appelaient toute La Mecque le sanctuaire (haram) de Dieu ; par conséquent, tous ces lieux, dont la maison de Umm Hânî, ont été dans l'enceinte de la Mosquée al-Harâm et dans le sanctuaire de Dieu[16].

Nombre de voyages

Selon certains récits, le Prophète (s) a effectué plus d'une fois de Mi'râj [17]Allama Tabataba'i a considéré que des voyages nocturnes était de al-Masjid al-Haram et un autre de la maison de Umm Hani et a déclaré que les premiers versets de la sourate 53 (Sourate an-Najm) du Coran l'approuvent. Cette hypothèse permet également de justifier des opinions différentes concernant le lieu, le moment et d'autres détails du Mi'râj [18].

Description du voyage

Cette nuit-là, l'archange Gabriel descendit sur Prophète (s) et met à sa disposition une monture appelée Burâq et le Prophète (s) monte sur Burâq et se diriga alors vers Jérusalem [19].

Entrée dans la mosquée al-Aqsâ

Au milieu du chemin, le Prophète (s) s'est arrêté à Médine, à la Mosquée de Koufa, sur le Tûr Saynâ et à Bethléem (Bayt al-Lahm) (le lieu de la naissance de Jésus (a)), et a prié dans tous ces lieux. Il est ensuite entré dans la Mosquée al-Aqsa et y a prié aussi [20].

Il a été dit également que le Prophète (s) serait monté vers les cieux depuis la mosquée de Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra). C'est d'ailleurs pour la même raison que cette mosquée est nommée ainsi : parce qu'à l'intérieur de cette mosquée, il y a ce rocher à partir duquel on pense que le Prophète (s) est monté vers les cieux.

Ciel du monde

Rencontre avec le prophète Adam (a)

Selon al-Mîzân, de la Mosquée al-Aqsâ' le Prophète (s) est monté au ciel de ce monde et a vu le prophète Adam (a). Puis, des anges sont venus l'accueillir en groupes et l'ont salué en souriant et en le félicitant. [21].

Conversation avec Malik al-Mawt

Là, le Prophète (s) a également rencontré l'archange 'Izra'îl (Azraël ou Malak al-Mawt, l'Archange de la mort) qui tenait une tablette de lumière dans sa main et après avoir eu une conversation avec le Prophète (s), il dit :

«Le monde dans ma main est comme une pièce dans la main d'un homme et lui la retourne.»

Puis il dit :

«Il n'y a pas de maison que je ne rencontre pas cinq fois par jour...".»

C'est alors que le Prophète (s) lui dit :

«En effet, la mort est la plus grande des calamités et le plus dur des événements.»

Et alors l'archange lui dit :

«Les événements qui suivent la mort sont pires que cela.» [22]

Deuxième au septième cieux

Le Prophète (s) est ensuite monté au deuxième ciel et là, il a rencontré le prophète Yahya (a) (Jean Baptiste) ainsi que Jésus christ (a), puis il rencontre le prophète Joseph (a) dans le troisième ciel. Il rencontre le prophète Idris (a) (Énoch) dans le quatrième ciel ; il rencontre le prophète Aaron (a) dans le cinquième ciel, et le prophète Moïse (a) dans le sixième ciel[23].

Septième ciel

Le Prophète (s) se rend ensuite au septième ciel et atteint un lieu où Gabriel était incapable d'aller, en disant :

«Je n'ai pas la permission d'y aller, et si je m'en approche même un peu, mes ailes brûleront.»[24].

Ce fut dans ce lieu où une discussion entre le Prophète et Dieu eut lieu. Le contenu de cette conversation est connu sous le nom de Hadith al-Mi'râj.

Retour

Au retour, le Prophète (s) descendit à Jérusalem et de là se dirigea vers La Mecque, où il est rentré à la maison d'Umm Hânî avant le lever du soleil [25] et lui a dévoilé son secret, puis dans la journée son secret a révélé aux rassemblements de Quraych [26].

Hadith de Mi'râj

Article connexe : Hadith de Mi'râj.

La nuit du Mi'râj, une conversation a eu lieu entre le Prophète (s) et Dieu. Cette conversation existe aujourd'hui sous la forme d'un hadith divin (qudsî), devenu célèbre sous le nom de hadith du Mi'râj.

Réaction de Quraysh

L'événement de Mi'râj semblait impossible et incroyable pour Quraych. Ils renièrent le Prophète (s) et dirent :

«Il y a des gens à La Mecque qui ont vu Jérusalem.»

Ils lui ont demandé de décrire l'édifice de cette ville pour prouver voyage. Le Prophète (s) leur a décrit les bâtiments de Jérusalem. Puis ils lui ont demandé de leur donner des nouvelles de la caravane de Quraysh sur le chemin entre La Mecque et Jérusalem. Le prophète (s) dit alors : ::«Je les ai vus à Tan'im alors qu'un chameau gris marchait devant la caravane et portait un litière sur le dos». Il leur a dit aussi qu'ils devaient arriver à La Mecque de suite. Peu après, une caravane entra dans la ville et Abu Sufyan et les passagers approuvèrent les détails du rapport du Prophète (s) [27].

Comment le Mi'râj a eu lieu

La plupart des exégètes du Coran croient que le Prophète (s) est allé à Jérusalem et de là aux cieux aussi bien avec son corps qu'avec son âme. Mais, les kharidjites l'ont nié son voyage physique et aussi les Jahmîyya ont cru que cela ne se pouvait pas être possible que spirituellement.[28]

Selon certains récits, lorsque le Prophète (s) est arrivé à Bayt al-Ma'mur et près de Sidrat al-Muntahâ, certains de ses compagnons l'ont accompagné [29].

Rencontres du Prophète pendant le Mi'râj

Selon certains récits lors de la nuit du Mi'râj, le Prophète (s) a observé des signes dans les cieux, les habitants du paradis et de l'enfer et les anges.

Le Prophète (s) a également rencontré quelques grands prophètes dont Adam (a), Abraham (a), Moïse (a) et Jésus (a)[30].

Discordes sur le Mi'râj

Le récit du Mi'râj du Prophète (s) a été rapporté sous différentes formes. Ainsi diverses formes de hadiths existent à propos de ce voyage nocturne du Prophète (s). Certains d'entre eux sont tout à fait inauthentiques et leurs contenus sembles très faibles et inacceptables rationnellement. De plus certains de ces récits n'ont pas chaînes de transmissions solides et authentiques.

Place du Mi'râj dans la littérature et l'art

Depuis l'époque d'Al-Jalayir, le Mi'râj du Prophète (s) a été parmi les thèmes les plus dominants de la peinture iranienne. Il existe des images de cette période sur le Mi'râj du Prophète (s) dont la plus ancienne est celle d'Ahmad Mûsâ, l'un des peintres les plus célèbres de cette période.

Les images du Mi'râj du Prophète (s) atteignirent leur apogée d'illustration dans la période suivante à l'école de Harât. De nombreux livres ont été trouvés de cette période, en particulier à l'époque de Shahrokh, qui ont représenté le Mi'râj du Prophète (s).

L'un de ces livres est Mi'râj Nâma de Mîr Haydar en langue ouïghoure, qui a représenté différents moments ou Mi'râj du Prophète (s). Sur une image aussi, Shah Muzaffar Sîyâh Qalam a représenté le Prophète (s) lors du Mi'râj est monté le Burâq au visage humain, accompagné de l'ange Gabriel.

Les Khamsa de Nizâmî appartenant à l'époque des Timurides, fait partie des livres les plus importants qui contiennent des peintures concernant le Mi'râj du Prophète.

Mi'râj peint par le sultan Muhammad

L'une des œuvres les plus célèbres de la peinture du Mi'râj, à l'époque des Safavides est une peinture du livre de Khamsa de Nizâmî appartenant à l'époque de Shah Tahmasb.

Il s'agit de la peinture célèbre Sultan Muhammad représentant la scène du Mi'râj du Prophète (s). Cette œuvre, ainsi que trois autres œuvres qui lui sont attribuées, sont placées dans le manuscrit de Khamsa de Nizami, commandé par Shah Tahmasb Safavi. Précisons que la peinture et la calligraphie de cet ouvrage ont été réalisées entre 942/1535 et 947/1540.

Son calligraphe a été Shah Mahmud Nayshabûrî, le célèbre calligraphe du 10ème/16ème siècle. Dans cette œuvre, le visage du Prophète (s) est recouvert d'un masque blanc, il est sur Burâq, et représenté parmi la foule de créatures angéliques, à savoir quinze anges dont Gabriel le guide en volant devant Burâq.

Tableau de M. Farshchian

Cette œuvre, de taille de 101 * 81,5 cm est de Mahmoud Farshchian. Dans cette peinture à côté de l'image du Prophète (s), les anges sont en état de supplication. Dans ce tableau, on peut apercevoir une force qui attire la main du Prophète (s) vers Dieu, et vers le haut du tableau les anges s'estompent dans l'Essence Divine de Dieu.

Autres travaux

  • La tableau de Mi'râj du Prophète (s) fait par Reza Asl Najafi
  • Les Mi'râj Namas et les peintures sur le Mi'râj, en particulier la peinture du Mi'râj du Prophète (s) conservée à la Bibliothèque Malek et au Musée national appartenant à Astan Quds Razavi avec le nombre record de 5995.

Voir aussi

Références

  1. Ibn Manzûr, Lisân al-ʿArab, vol. 2, p. 322
  2. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 8-34; Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol. 2, p. 3-12.
  3. Ṭabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 6, p. 609
  4. Qurʾân, 17:1; 53:8-18
  5. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 23, 30
  6. Kâshânî, Manhaj al-sâdiqîn, vol. 5, p. 236
  7. Subhânî, Furugh-e abadîyyat, p. 370
  8. Ibn Saʿd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 200.
  9. Kâshânî, Minhâj as-Sâdiqîn, vol. 5, p. 236
  10. Ibn Saʿd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 199, 200
  11. Kâshânî, Manhaj al-sâdiqîn, vol. 5, p. 236
  12. Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 6, p. 609; Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 18, p. 289
  13. ʿAyyashî, Tafsîr al-ʿAyyâshî, vol. 3, p. 34
  14. Ibn Saʿd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 200; Khwârizmî, Manâqib, vol. 1, p. 177.
  15. Tabâtabâyî, al-Mâzân, vol. 13, p. 27-28; Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 6, p. 312; Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 18, p. 283.
  16. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 18, p. 283; Kâshânî, Manhaj al-sâdiqîn, vol. 5, p. 235.
  17. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 27-28; Subhânî, Furûgh-e abadîyyat, p. 372.
  18. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 27-28, 32.
  19. Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol. 2, p. 5; Ibn Saʿd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 199, 200.
  20. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 8; Subhânî, Furûgh-e abadîyyat, p. 370.
  21. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 9-10.
  22. Tabâtabâyî, al-Mâzân, vol. 13, p. 10
  23. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 12-13.
  24. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 18; Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 18, p. 392.
  25. Masʿûdî, Ithbât al-wasîyya, p. 217
  26. Subhânî, Furîgh-i abadîyyat, p. 368
  27. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 17; Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol. 2, p. 13; Subhânî, Furûgh-e abadîyyat, p. 369.
  28. voir : Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 9, p. 264; Kâshânî, Manhaj al-sâdiqîn, vol. 5, p. 240.
  29. Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol. 2, p. 10; Majlisi, Bihâr al-anwâr, vol. 18, p. 327
  30. Tabâtabâyî, al-Mîzân, vol. 13, p. 9.