Mârîya al-Qibtîyya

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Mârîya bt. Sham'ûn (arabe : ماریة بنت شمعون), connue sous le nom de Mârîya al-Qibtîyya (en arabe :ماریة القبطیة) (m. 16 h.l.), était l'une des épouses du Prophète (s). Elle était une servante envoyée au Prophète (s), avec d'autres cadeaux, par al-Muqawqis, le souverain d'Égypte et d'Alexandrie de l'époque, en réponse à une lettre du Prophète (s). Parmi les épouses du Prophète (s), outre Khadija, Mariya est la seule à avoir donné naissance à un enfant, appelé Ibrahim.

Avant le mariage avec le Prophète (s)

Mariya bt. Sham'un est née dans le village de Hufn, dans la région d'Ansina en Égypte. En l'an 7 (628 a.c.), le Prophète (s) envoya Hatib b. Abi Balta'a à la rencontre de al-Muqawqis, le souverain d'Égypte et d'Alexandrie, avec une lettre l'invitant à l'Islam[1]. En réponse à l'appel du Prophète (s), al-Muqawqis lui envoya Mariya ainsi que sa propre sœur, Sirin[2] ou Shirin[3], et d'autres cadeaux. Il a également envoyé au Prophète (s) une lettre dans laquelle il avait écrit  : "J'ai honoré ce que vous m'avez envoyé et je vous envoie, en retour, deux dames dotées de grandeurs dans le pays d'al-Qibt"[4] On rapporte que Hatib b. Abi Balta'a a présenté l'islam aux deux dames, et qu'elles l'ont acceptés et se sont converties sur leur chemin vers Médine[5].

Mariage avec le Prophète (s)

Lorsque la caravane est arrivée à Médine, le Prophète (s) rencontre Mariya et l'élit pour lui, et accorda Sirin à Hassan b. Thabit[6] Mariya, nommé Umm al-Mu'minin s'installe lors dans la maison de Haritha b. Nu'man, et demeure pendant un an. Mariya était une dame très vertueuse que le Prophète aimait beaucoup. Il rapportés que les mérites de Mariya ainsi que l'attention particulière que le Prophète (s) lui portait intriguaient la jalousie des autres épouses du Prophète (s), notamment 'Ayisha et Hafsa[7].

Mariya était, selon les historiens, une dame pieuse, juste, bienfaisante et particulièrement aimée par le Prophète (s) [8]Les historiographes ont apprécié sa piété[9]. Le Prophète (s) l'aimait tant, qu'aurait dit aux musulmans : "Lorsque vous conquerrez l'Égypte, soyez gentils à leurs égard, car je suis leur beau-fils (ou gendre)"[10].

Révélation de quelques versets coraniques au sujet de Mariya

Il est rapporté qu'un jour, où Hafsa était chez le Prophète (s), elle lui demanda la permission d'aller chez son père, 'Umar. Lorsqu'elle est partie, le Prophète (s) a demandé à Mariya de le rejoindre. Lorsque Hafsa est rentrée, et a vu Mariya avec le Prophète, elle s'est vexée et s'est mise en colère. Quand le Prophète (s) a vu Hafsa bouleversée, s'est chagriné, et afin de la satisfaire, s'est interdit la rencontre avec Mariya [11]. Mais ce fut à ce moment-là que les premiers versets de la sourate al-Tahrim (sourate 66) du Coran ont été révélés. Les versets reprochaient à Hafsa et 'Ayisha, disant au Prophète (s) :

«يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ لِمَ تُحَرِّمُ مَا أَحَلَّ اللهُ لَكَ ۖ تَبْتَغِي مَرْضَاتَ أَزْوَاجِكَ ۚ وَاللهُ غَفُورٌ رَحِيمٌ»

Traduction : "Ô Prophète ! Pourquoi, en recherchant l'agrément de tes femmes, t'interdis-tu ce qu'Allah t'a rendu licite ? Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux. (66:1)


L'ordre divin contre l'interdiction (d'aimer Mariya par le Prophète) montre que la relation émotionnelle du Prophète (s) avec Mariya était une chose précieuse en soi. Mariya est restée avec le Prophète (s), mais la faveur et l'amour de celui-ci pour Mariya était très embarrassante pour certaines de ses épouses. La situation s'est aggravée lorsqu'il a annoncé que Mariya était enceinte. Le Prophète (s) a du envoyer Mariya hors de Médine - vers le nord, dans une petite palmeraie appelée 'Aliya, obtenue par les musulmans lors de la Bataille de Banî an-Nadîr (connue aujourd'hui sous le nom de Mishraba Umm Ibrahim) - et s'y rendait lui-même fréquemment pour la visiter[12].

Aujourd'hui, cet endroit est un cimetière en ruine où se trouvent aussi la tombe de la mère de l'Imam al-Rida (a) et quelques enfants des Imams (a) et des amis d'Ahl al-Bayt (a).

Comme les pèlerins chiites et les iraniens avaient l'habitude de visiter ce lieu, le gouvernement saoudien a construit de longs murs autour de celui-ci afin d'empêcher les gens de s'y rendre.

Naissance d'Ibrahim

Mariya donne naissance au fils du Prophète (s), Ibrahim, lorsqu'elle était dans sa nouvelle demeure [13], en Dhu al-Hijja de l'an 8 (629 a.c.). Selon les hadiths, l'ange Gabriel est apparu au Prophète (s) à ce moment là, l'a salué en le nommant "Abâ Ibrahim" (le père d'Ibrahim)[14]. Il est rapporté que le Prophète (s) a montré Ibrahim à 'Ayisha et lui a dit : "Regarde comme il me ressemble".

Mais Ibrahim n'a pas vécu longtemps; il est mort le 18 Rajab de l'an 10 (9 mars 631 a.c.) alors qu'il n'avait que 18 mois. Il a été enterré à al-Baqi'. Le mort de cet enfant a rendu particulièrement triste Le Prophète (s) qui dit : " Ce chagrin fait couler mes larmes des yeux et attriste mon cœur ; mais je ne dirai rien pour ne pas entraîner la colère du Seigneur "[15].

Evénement d'Ifk (diffamation)

Article principal : Ifk L'Ifk ou diffamation est un des événements de l'époque du Prophète (s) à laquelle certains versets coraniques (24 : 11-26) font référence. Certaines personnes avaient répandu des rumeurs selon lesquelles l'une des épouses du Prophète (s) avait des liaisons, mais le Coran a sérieusement condamné ces rumeurs. Certains hadiths considèrent que cela concernait 'Ayisha [16], tandis que d'autres les considèrent comme étant au sujet de Mariya al-Qibtiyya[17].

Mort

Mariya est morte 5 ans après la disparition du Prophète (s) en Muharram de l'an 16 (Janvier 637 a.c.), et a été enterrée, elle aussi, au cimetière d'al-Baqi'[18].

Voir aussi

Épouses du Prophète (s)

Références

  1. Ibn Sa'd, al-Tabaqât al-kubrâ vol. 1, p. 107.
  2. Tabarî, Târîkh al-umam wa l-mulûk, vol. 11, p. 617.
  3. Balâdhurî, Ansâb al-ashrâf, vol. 1, p. 449.
  4. Ibn Saʿd, al-Ṭabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 200.
  5. Balâdhurî, Ansâb al-ashrâf, vol. 1, p. 449
  6. Tabarî, Târîkh al-umam wa l-mulûk, vol. 11, p. 617.
  7. Tabarî, Târîkh al-umam wa l-mulûk, vol. 3, p. 22.
  8. Ibn Kathîr, al-Bidâya wa l-nihâya, vol. 7, p. 74
  9. Ibn Sa'd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 107.
  10. Ḥamawî, Muʿjam al-buldan, vol. 5, p. 138.
  11. Ibn Sa'd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 8, p. 182.
  12. Ibn Sa'd, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 107.
  13. Ibn ʿAbd al-Barr, al-Istîʿâb, vol. 1, p. 50.
  14. Balâdhurî, Ansâb al-ashrâf, vol. 1, p. 450
  15. Ibn Said, al-Tabaqât al-kubrâ, vol. 1, p. 114-115
  16. Fakhr al-Razî, Mafâtâḥ al-ghayb, vol. 23, p. 173.
  17. Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol. 2, p. 99.
  18. Tabarî, Târîkh al-umam wa l-mulûk, vol. 11, p. 618.