Sourate

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Sourate (en arabe : السورة) est une expression coranique signifiant un ensemble de versets du Coran qui a un début et une fin définis et qui, autre que la sourate at-Tawba, commence par le terme « Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (بسم الله الرحمن الرحيم ; Bismi Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm). Certains exégètes du Coran croient que tous les versets d’une sourate sont liés les uns aux autres et suivent un thème central. Certaines sourates du Coran sont divisées en différentes catégories en raison de leurs similitudes ; la division des sourates selon le moment de leur révélation (mecquoise ou médinoise) et la segmentation des sourates en fonction du nombre de versets (Tiwâl, Mi’ûn, Mathânî et Mufassalât) font partie de ces classifications.

Selon l’opinion répandue parmi les spécialistes du Coran, le Coran compte 114 sourates. Cependant, certains pensent que la sourate d'at-Tawba est la continuation de la sourate d’al-Anfâl et n’est pas une sourate indépendante et dans ce cas, le Coran comprend 113 sourates. D’autres considèrent les sourates al-Fîl et Quraysh, et aussi ad-Duhâ et ash-Sharh comme une sourate et pas des sourates indépendantes et selon cela, ils disent que le Coran a 112 sourates.
Chaque sourate du Coran est nommée d’un nom spécifique, généralement tiré des premiers mots de chaque sourate ou de son contenu. Certains chercheurs coraniques croient que le Prophète Muhammad (s) choisit les noms des sourates et qu’il n’est pas permis de les nommer avec un autre nom. Cependant, d’autres chercheurs considèrent cette opinion comme erronée et croient que les noms des sourates évoluèrent au fil du temps en raison de leur utilisation fréquente auprès des gens.

La première et la dernière sourate révélée au Messager de Dieu (s) sont des sujets discutés dans les sciences coraniques. Selon certains avis, la sourate al-Fâtiha est la première et la sourate an-Nasr est la dernière sourate qui fut révélée dans son intégralité au Prophète (s). Dans les sources de hadiths chiites et sunnites, de nombreux hadiths sont rapportés sur les mérites des sourates. Cependant, les chercheurs débattirent de la plupart de ces hadiths tant du point de vue de leur authenticité.

Sens du concept

Les premiers versets de la sourate al-Insân

La sourate dans la langue arabe est une unité de construction, tout comme un bâtiment est composé de plusieurs étages. De même, le Coran est structuré avec des sourates qui se suivent[1] ; et selon les sciences coraniques, une sourate est un terme coranique qui désigne un ensemble de versets du Coran ayant un début et une fin déterminés, commençant, à l'exception de la sourate at-Tawba, par « Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (بسم الله الرحمن الرحيم ; Bismi Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm).[2]
Ce terme est mentionné neuf fois au singulier et une fois au pluriel dans le Coran. La plus petite sourate du Coran est al-Kawthar et la plus grande est al-Baqara.[3]

Parmi les différentes classifications du Coran (comme sa division en Juz’ et Hizb), la division en versets et sourates est considérée comme la seule classification réelle du Coran ayant une origine coranique.[4]

Les sourates courtes et, dans certains cas, certaines des longues sourates du Coran (la sourate al-An‘âm) furent révélées au Prophète Muhammad (s) à la fois.[5] Certaines sourates furent également révélées progressivement au Messager d’Allah (s), et l’ordre des versets fut établi selon la directive de l’Envoyé de Dieu (s).[6] La division du Coran en sourates présente divers avantages, parmi lesquels on peut citer : faciliter l’apprentissage et la mémorisation du Coran, créer de la diversité et de l’enthousiasme pour le lecteur du Coran, regrouper des versets pertinents ensemble et distinguer une sourate des autres qui traitent d’un sujet distinct.[7]

Dans le domaine de l’exégèse coranique, différentes perspectives ont été avancées concernant la manière dont les versets d’une sourate interagissent les uns avec les autres.[8] Certains exégètes du Coran, tels que ‘Allâma Tabâtabâ’î, Sayyid Qutb, et Muhammad ‘Izzat Darwazi, soutiennent que chaque sourate possède une unité et une cohésion spécifiques qui la distinguent des autres sourates.[9] Selon ‘Allâma Tabâtabâ’î, l’auteur du livre « al-Mîzân », chaque sourate poursuit un objectif particulier et cherche à transmettre un sens et une intention spécifiques à travers l’ensemble de ses versets.[10] Cette perspective gagna en popularité au cours du 20e siècle.[11]

En revanche, certains d’autres exégètes du Coran, comme l’ayatollah Makârim Shîrâzî, l’auteur du livre « Tafsîr Nimûni », ne considèrent pas nécessairement que tous les versets d’une sourate doivent être interprétés comme formant une seule unité thématique. Ils estiment qu’une sourate peut aborder divers sujets sans nécessairement présenter une cohérence totale entre tous ses versets.[12]

Il a été dit qu’au début de la mission du Prophète (s), le terme « sourate » était utilisé pour désigner une section cohérente des versets du Coran qui avaient un sens unifié; selon cette signification, la sourate al-Baqara elle-même contient environ trente sourates.[13] Cependant, dans les dernières années de la vie du Messager de Dieu (s), ce terme tel qu’il est utilisé aujourd’hui fut adopté.[14] D’après certains chercheurs islamiques, soutiennent que c’est précisément cette question qui causa des divergences entre les chiites et les sunnites ; car dans le fiqh chiite, après la sourate al-Fâtiha dans la prière, il est obligatoire de réciter entièrement l’une des sourates coraniques (à l’exception des sourates d’al-‘Azâ’im), tandis que dans le fiqh sunnite, la récitation d’une partie du Coran est suffisante.[15]

Numéro de sourate Ordre alphabétique Nom de la sourate Versets Ordre de la révélation Mecquoise/Médinoise
1 21 Al-Fâtiha 7 5 Mecquoise
2 15 Al-Baqara 286 87 Médinoise
3 6 Âl 'Imrân 200 89 Médinoise
4 75 An-Nisâ’ 176 92 Médinoise
5 53 Al-Mâ’ida 120 113 Médinoise
6 11 Al-Anʻâm 165 55 Mecquoise
7 8 Al-A'râf 206 39 Mecquoise
8 13 Al-Anfâl 75 88 Médinoise
9 105 At-Tawba 129 114 Médinoise
10 110 Yûnus 109 51 Mecquoise
11 36 Hûd 123 52 Mecquoise
12 111 Yûsuf 111 53 Mecquoise
13 86 Ar-Ra‘d 43 96 Médinoise
14 39 Ibrâhîm 52 72 Mecquoise
15 35 Al-Hijr 99 54 Mecquoise
16 71 An-Nahl 128 70 Mecquoise
17 44 Al-Isrâ' 111 50 Mecquoise
18 49 Al-Kahf 110 69 Mecquoise
19 56 Maryam 98 44 Mecquoise
20 98 Tâhâ 135 45 Mecquoise
21 12 Al-Anbîyâʻ 112 73 Mecquoise
22 33 Al-Hajj 78 104 Médinoise
23 58 Al-Muʻminûn 118 74 Mecquoise
24 77 An-Nûr 64 103 Médinoise
25 27 Al-Furqân 77 42 Mecquoise
26 96 Ash-Shu'arâ' 227 47 Mecquoise
27 73 An-Naml 93 48 Mecquoise
28 83 Al-Qasas 88 49 Mecquoise
29 4 Al-'Ankabût 69 85 Mecquoise
30 88 Ar-Rûm 60 84 Mecquoise
31 52 Luqmân 34 57 Mecquoise
32 93 As-Sajda 30 75 Mecquoise
33 10 Al-Ahzâb 73 90 Médinoise
34 91 Saba' 54 58 Mecquoise
35 22 Fâtir 45 43 Mecquoise
36 109 Yâsîn 83 41 Mecquoise
37 90 As-Sâffât 182 56 Mecquoise
38 89 Sâd 88 38 Mecquoise
39 114 Az-Zumar 75 59 Mecquoise
40 29 Ghâfir 85 60 Mecquoise
41 28 Fussilat 54 61 Mecquoise
42 97 Ash-Shûrâ 53 62 Mecquoise
43 113 Az-Zukhruf 89 63 Mecquoise
44 20 Ad-Dukhân 59 64 Mecquoise
45 45 Al-Jâthîya 37 65 Mecquoise
46 9 Al-Ahqâf 35 66 Mecquoise
47 60 Muhammad 38 95 Médinoise
48 25 Al-Fath 29 112 Médinoise
49 37 Al-Hujurât 18 107 Médinoise
50 78 Qâf 45 34 Mecquoise
51 18 Adh-Dhârîyât 60 67 Mecquoise
52 107 At-Tûr 49 76 Mecquoise
53 72 An-Najm 62 23 Mecquoise
54 82 Al-Qamar 55 37 Mecquoise
55 87 Ar-Rahmân 78 97 Médinoise
56 108 Al-Wâqi‘a 96 46 Mecquoise
57 32 Al-Hadîd 29 94 Médinoise
58 61 Al-Mujâdala 22 106 Médinoise
59 34 Al-Hashr 24 101 Médinoise
60 63 Al-Mumtahana 13 91 Médinoise
61 92 As-Saff 14 111 Médinoise
62 47 Al-Jumu'a 11 109 Médinoise
63 64 Al-Munâfiqûn 11 105 Médinoise
64 100 At-Taghâbun 18 110 Médinoise
65 104 At-Talâq 12 99 Médinoise
66 101 At-Tahrîm 12 108 Médinoise
67 62 Al-Mulk 30 77 Mecquoise
68 81 Al-Qalam 52 2 Mecquoise
69 31 Al-Hâqqa 52 78 Mecquoise
70 55 Al-Ma'ârij 44 79 Mecquoise
71 76 Nûh 28 71 Mecquoise
72 46 Al-Jinn 28 40 Mecquoise
73 67 Al-Muzzammil 20 3 Mecquoise
74 59 Al-Muddaththir 56 4 Mecquoise
75 84 Al-Qîyâma 40 31 Mecquoise
76 42 Al-Insân 31 98 Médinoise
77 65 Al-Mursalât 50 33 Mecquoise
78 70 An-Naba’ 40 80 Mecquoise
79 69 An-Nâziʻât 46 81 Mecquoise
80 2 ‘Abasa 42 24 Mecquoise
81 103 At-Takwîr 29 7 Mecquoise
82 41 Al-Infitâr 19 82 Mecquoise
83 66 Al-Mutaffifîn 36 86 Mecquoise
84 43 Al-Inshiqâq 25 83 Mecquoise
85 17 Al-Burûj 22 27 Mecquoise
86 99 At-Târiq 17 36 Mecquoise
87 7 Al-A’lâ 19 8 Mecquoise
88 30 Al-Ghâshîya 26 68 Mecquoise
89 23 Al-Fajr 30 10 Mecquoise
90 14 Al-Balad 20 35 Mecquoise
91 94 Ash-Shams 15 26 Mecquoise
92 51 Al-Layl 21 9 Mecquoise
93 19 Ad-Duhâ 11 11 Mecquoise
94 95 Ash-Sharh 8 12 Mecquoise
95 106 At-Tîn 8 28 Mecquoise
96 3 Al-‘Alaq 19 1 Mecquoise
97 80 Al-Qadr 5 25 Mecquoise
98 16 Al-Bayyina 8 100 Médinoise
99 112 Az-Zalzala 8 93 Médinoise
100 1 Al-‘Âdîyât 11 14 Mecquoise
101 79 Al-Qâri‘a 11 30 Mecquoise
102 102 At-Takâthur 8 16 Mecquoise
103 5 Al-‘Asr 3 13 Mecquoise
104 38 Al-Humaza 9 32 Mecquoise
105 26 Al-Fîl 5 19 Mecquoise
106 85 Quraysh 4 29 Mecquoise
107 54 Al-Mâ‘ûn 7 17 Mecquoise
108 50 Al-Kawthar 3 15 Mecquoise
109 48 Al-Kâfirûn 6 18 Mecquoise
110 74 An-Nasr 3 102 Médinoise
111 57 Al-Masad 5 6 Mecquoise
112 40 Al-Ikhlâs 4 22 Mecquoise
113 24 Al-Falaq 5 20 Mecquoise
114 68 An-Nâs 6 21 Mecquoise

Division des sourates

Certaines sourates du Coran sont divisées en différentes catégories en raison de leur similitude les unes avec les autres.[16]

Division par le temps ou le lieu de la révélation

Selon l’opinion dominante des spécialistes du Coran, les sourates du Coran sont divisées en deux catégories principales, « mecquoises » et « médinoises », en fonction de leur période de révélation.[17] Ce qui fut révélé avant l’émigration du Prophète Muhammad (s) à la ville de Médine est considéré comme mecquois, tandis que ce qui fut révélé après l’arrivée du Prophète à Médine est considéré comme médinois. Ainsi, si une sourate ou un verset fut révélé après l’émigration, il sera considéré comme médinois, même s’il fut révélé à La Mecque ou lors d’un voyage du Messager d’Allah (s), comme les versets révélés lors de la Conquête de La Mecque ou lors du Pèlerinage d’Adieu.[18] Autrement dit, toute sourate ou verset révélé avant l’Hégire (l’émigration vers Médine) sera considéré comme mecquois, tandis que ceux révélés après l’Hégire seront considérés comme médinois, peu importe la ville dans laquelle ils furent révélés. Nous appelons toutes les sourates révélées avant l’Hégire mecquoises, même si elles furent révélées dans une ville autre que La Mecque, et nous appelons toutes les sourates révélées après l’Hégire à Médine médinoises, même si elles furent révélées dans une ville autre que Médine. Cette dénomination est due au fait que la vie du Prophète Muhammad (s) était à La Mecque avant l’Hégire et à Médine après l’Hégire, et il passa la majeure partie de sa noble vie dans l’une de ces deux villes.

Certains chercheurs du Coran divisèrent les sourates en mecquoises et médinoises non pas selon le temps de la révélation, mais selon le lieu ou l’audience des sourates. Selon le critère du lieu, ce qui fut révélé à La Mecque et ses environs tels que la région de Minâ, ‘Arafât et Hudaybîyya est considéré mecquois, même s’il fut révélé après l’Hégire, et ce qui fut révélé à Médine et ses environs tels que Badr et Uhud est considéré médinois.[19]

Cependant, selon le critère de l’audience des sourates, ce qui est adressé aux habitants de La Mecque est considéré mecquois et ce qui est adressé aux habitants de Médine est considéré médinois.[20] Le critère pour déterminer l’audience est que ce qui commence par « Ô gens » (يا أيها الناس) est mecquois et ce qui commence par « Ô vous qui croyez » (يا أيها الذين آمنوا) est médinois.[21]

Division par la taille de la sourate

Les sourates du Coran sont divisées en fonction de leur longueur, de leur brièveté et du nombre de versets qu’elles contiennent. Elles sont classées en quatre groupes : les sourates Tiwâl, Mi’ûn, Mathânî et Mufassalât.[22]

  • Mufassalât (séparés) : ce sont des sourates qui se trouvent à la fin du Coran.[27] Étant donné que ces sourates sont courtes et séparées les unes des autres par la formule « Bismillah », elles sont appelées « Mufassalât ».[28]

Autres divisions

Les autres divisions comprennent les sourates al-‘Azâ'im, al-Musabbihât, al-Hawâmîm, al-Mumtahinât, al-Hâmidât, al-Qalâqil, at-Tawâsîn, al-Mu‘awwadhatayn et az-Zahrawân, qui sont d’autres divisions mentionnées pour les sourates du Coran.[29]

  • Al-Hawâmîm : de la 40e sourate (al-Ghâfir) à 46e sourate (al-Ahqâf) s’appellent les sourates al-Hawâmîm qui commencent par les lettres coupées « Hâ. Mîm. » (حم).[31] Dans toutes ces sourates, immédiatement après les lettres coupées, il est fait mention du Coran et de sa révélation.[32]

Nombre de sourates du Coran

Il existe trois points de vue concernant le nombre de sourates du Coran :

  1. La plupart des chercheurs considèrent le nombre de sourates du Coran comme étant de 114 sourates.[34]
  2. Certains auteurs, sans contester les versets du Coran, estiment que le nombre de sourates du Coran est de 112 sourates. Cette perspective fut présentée comme une théorie populaire parmi les chiites.[35] Selon eux, les sourates al-Fîl et Quraysh ainsi que les sourates ad-Duhâ et ash-Sharh ne sont pas des deux sourates indépendantes mais plutôt une seule sourate.[36]
    En ce qui concerne cette question, il existe deux groupes de hadiths, et en examinant ces deux groupes de hadiths ensemble, nous concluons que le Coran comporte 112 sourates.[37] Selon certains hadiths, dans les premier et deuxième Rak‘a de la prière, celui qui fait la prière doit réciter après la sourate al-Fâtiha seulement une sourate du Coran complètement et il ne peut pas réciter deux sourates ou bien une partie d’une sourate,[38] et selon un autre groupe de hadiths, si celui qui effectue la prière récite après al-Fâtiha la sourate al-Fîl, il doit également réciter la sourate Quraysh, et s’il récite la sourate ad-Duhâ, il doit également y ajouter la sourate ash-Sharh.[39] En conséquence, ce qui est compris de ces deux groups de hadiths est que les sourates al-Fîl et Quraysh, ainsi que ad-Duhâ et ash-Sharh, sont considérées comme une seule sourate.
    En revanche, en estimant que le Coran contient 114 sourates, certains chercheurs proposèrent une autre explication pour concilier ces deux groupes de hadiths. D’après eux, bien qu’une seule sourate doive être récitée après al-Fâtiha dans les premier et deuxième Rak‘a de la prière, les sourates al-Fîl et Quraysh ainsi que les sourates ad-Duhâ et ash-Sharh sont des exceptions à cette règle.[40]
  3. Il y a une autre opinion parmi les exégètes du Coran chiites et sunnites selon laquelle, les sourates at-Tawba et al-Anfâl sont une seule sourate et en conséquent, le nombre total de sourates du Coran sera de 113.[41]

Nomination des sourates

Chaque sourate du Coran est nommée d’un nom spécifique, généralement tiré des premiers mots de la sourate ou du contenu et des messages cachés qu’elle contient ; par exemple, la sourate al-Baqara (la vache) est nommée en référence à la mention du récit de la vache des Banû Israël dans cette sourate, ou la sourate an-Nisâ’ (les femmes) est nommée en référence aux préceptes concernant les femmes.[42] Certaines sourates du Coran ont plus d’un nom. As-Suyûtî mentionna 25 noms pour la sourate al-Fâtiha.[43]

Il y a des divergences d’opinions quant à savoir si les noms des sourates furent décidés par le Prophète Muhammad (s) sous révélation divine, ou s’ils furent choisis par les compagnons du Messager de Dieu (s).[44] Certains spécialistes du Coran, tels que az-Zarkashî et as-Suyûtî, les savants sunnites, croient que les noms des sourates furent décidés par l’Envoyé d’Allah (s) sous révélation divine[45] et qu’il ne faut pas les appeler avec un autre nom.[46] En se basant sur le caractère divinement inspiré des noms des sourates, certains savants considèrent la nomination des sourates comme faisant partie de l’aspect miraculeux de la littérature coranique, affirmant que l’intention principale et l’essence de la sourate peuvent être comprises à travers ces noms.[47]

En face, ‘Allâma Tabâtabâ’î et l’ayatollah Jawâdî Âmulî, parmi les exégètes du Coran chiites du 14e siècle de l’hégire, ne considérèrent pas la nomination des sourates comme étant une action du Prophète (s).[48] Selon eux, de nombreux noms de sourates furent créés à l’époque du Messager d’Allah (s) en raison de l’utilisation intensive de ses compagnons.[49] D’après l’ayatollah Jawâdî Âmulî, il est peu probable qu’une sourate qui contient des enseignements élevés, des sagesses profondes et de nombreuses lois soit portée le nom d’un animal comme la sourate al-Baqara (la vache), ou que la sourate al-An‘âm (les troupeaux), qui comprend quarante preuves d’Unicité divine, soit portée le nom des troupeaux, ou que la sourate an-Naml (les fourmis), qui contient de profondes leçons et les histoires de nombreux prophètes (a), soit portée le nom des fourmis.[50]

Ordre des sourates

La plupart des chercheurs sont convaincus que l’ordre des sourates du Coran ne fut pas établi sur ordre du Prophète Muhammad (s), mais fut organisé de cette manière actuelle par ses compagnons.[51] Parmi les arguments avancés pour étayer cette opinion, on trouve la divergence entre les compagnons du Prophète quant à l’ordre des sourates.[52] Par exemple, le Coran qui était chez l’Imam Ali (a) n’était pas organisé selon l’ordre actuel du Coran, mais selon l’ordre de la révélation des sourates.[53] La version actuelle du Coran présente chez les musulmans est celle qui fut compilée sur ordre d’Othman ibn Affan,[54] et qui fut approuvée par le Commandeur des croyants Ali (a) et les autres Imams (a).[55]

Certains chercheurs sunnites du Coran estiment cependant que l’ordre actuel des sourates du Coran fut établi sur l’ordre de l’Envoyé de Dieu (s).[56] Certains d’eux pensent que les sourates, placées côte à côte, créent une harmonie et une connexion entre elles.[57] Certains d’autres soutiennent que l’ordre des sourates du Coran est un mélange de révélation prophétique et d’efforts humains ; cela signifie que l’ordonnancement de certaines sourates fut dicté par le Prophète (s), tandis que celui d’autres fut réalisé par les avis des compagnons.[58]

Première et dernière sourate descendue

Il existe trois théories sur la première sourate révélée au Prophète Muhammad (s) : certains considèrent les premiers versets de la sourate al-‘Alaq (96) comme étant les premiers révélés, d’autres pensent que ce sont les premiers versets de la sourate al-Muddaththir (74), et d’autres encore estiment que c’est la sourate al-Fâtiha (1) qui fut la première à être révélée au Prophète Muhammad (s).[59] L’ayatollah Ma‘rifat, l’auteur du livre « at-Tamhîd » sur les sciences coraniques, soutient que bien que les premiers versets de la sourate al-‘Alaq aient été les premiers à être révélés au Messager de Dieu (s) et que les premiers versets de la sourate al-Muddaththir aient révélés après la période d'interrègne entre la prophétie du Prophète Jésus (a) et la prophétie du Prophète Muhammad (s) (la période d’al-Fatra), la première sourate complète à avoir été révélée au Prophète (s) était la sourate al-Fâtiha.[60]

A propos de la dernière sourate, certains considèrent la dernière sourate révélée à l’Envoyé de Dieu (s) comme étant la sourate at-Tawba (9), d’autres pensent que c’est la sourate an-Nasr (110), tandis qu’un groupe estime que c’est la sourate al-Ma’ida (5).[61] D’après un hadith rapporté de l’Imam as-Sâdiq (a), la dernière sourate descendue sur le Prophète (s) était la sourate an-Nasr.[62] L’ayatollah Ma‘rifat soutient que bien que les premiers versets de la sourate at-Tawba aient été révélés après la sourate an-Nasr, la dernière sourate qui fut révélée dans son intégralité au Messager d’Allah (s) était la sourate an-Nasr.[63]

Mérites et bienfaits des sourates

Article connexe : Mérites des sourates.

Dans les premières sources de hadiths chiites, de nombreux hadiths sur les mérites des sourates furent rapportés, et des chapitres portant le même titre furent consacrés à ce sujet dans des livres tels que « al-Kâfî »[64] et « Thawâb al-A‘mâl ».[65] Dans les périodes ultérieures, certains érudits abordèrent également ces hadiths dans leurs propres ouvrages.[66] Dans les sources de hadiths sunnites également, de nombreux hadiths sur les mérites et bienfaits de certaines sourates et versets du Coran furent rapportés.[67] Cependant, certains de ces hadiths sont confrontés à des problèmes de fiabilité et d’authenticité, et certains d’entre eux furent considérés comme forgés.[68]

Références

  1. Mustafawî, At-Tahqîq fî Kalamât al-Qur’ân al-Karîm, vol 1, p 257
  2. Ma‘ârif, Mabâhithî dar Târîkh wa ‘Ulûm Qur’ânî, p 52
  3. Ayatollah Jawâdî Âmulî, Tasnîm fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 2, p 410
  4. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 13, p 230 - 231
  5. Ma‘ârif, Darâmadî bar Târîkh Qur’ân, p 137
  6. Ma‘ârif, Darâmadî bar Târîkh Qur’ân, p 137
  7. Az-Zarqânî, Manâhil al-‘Irfân fî ‘Ulûm al-Qur’ân, vol 1, p 344
  8. Khâmigar, Sâkhtâr Hindisî Sûrihâyi Qur’ân, p 14 - 19
  9. Mîr, « Piywastigî Sûrih, Tahawwulî dar Tafsîr Qur’ân dar Qarn bistum », traduction de Muhammadî Mazaffar, p 443
  10. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 1, p 16
  11. Mîr, « Piywastigî Sûrih, Tahawwulî dar Tafsîr Qur’ân dar Qarn bistum », traduction de Muhammadî Mazaffar, p 438
  12. Ayatollah Makârim Shîrâzî, Qur’ân wa Âkharîn Payâmbar, p 307
  13. Ma‘ârif, Darâmadî bar Târîkh Qur’ân, p 137
  14. Ma‘ârif, Darâmadî bar Târîkh Qur’ân, p 138
  15. Ma‘ârif, Darâmadî bar Târîkh Qur’ân, p 138
  16. Râmyâr, Târîkh Qur’ân, p 596
  17. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 131
  18. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 130
  19. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 55
  20. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 56
  21. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 81
  22. Ahmadîyân, Qur’ân Shinâsî, p 56 - 57
  23. Râdmanish, Âshnâ’î bâ ‘Ulûm Qur’ânî, p 150
  24. Râdmanish, Âshnâ’î bâ ‘Ulûm Qur’ânî, p 150
  25. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 282
  26. Jawân râsti, Darsnâmiyi ‘Ulûm Qur’ânî, p 192 - 193
  27. Râmyâr, Târîkh Qur’ân, p 595
  28. Râmyâr, Târîkh Qur’ân, p 595
  29. Râmyâr, Târîkh Qur’ân, p 596 - 597
  30. Banî Hâshimî, Tawdîh al-Masâ’il Marâji‘, vol 1, p 592 - 593
  31. Râmyâr, Târîkh Qur’ân, p 596
  32. As-Suyûtî, Tanâsuq ad-Durar fî Tanâsub as-Suwar, p 115
  33. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 19, p 144
  34. Muhammadî, Surûsh simânî, p 99
  35. Collectif d'auteurs, ‘Ulûm al-Qur’ân ‘inda al-Mufassirîn, p 273
  36. Collectif d'auteurs, ‘Ulûm al-Qur’ân ‘inda al-Mufassirîn, p 273
  37. Dashtî, « Barrisî Wahdat Duhâ wa Inshirâh, wa Fîl wa Quraysh », p 77 - 78
  38. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 3, p 314
  39. Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 2, p 72 ; Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 10, p 827
  40. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 20, p 365 ; Dashtî, « Barrisî Wahdat Duhâ wa Inshirâh, wa Fîl wa Quraysh », p 87
  41. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 9, p 146 ; As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 228
  42. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 203
  43. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 193 - 196
  44. Abû Shahba, Al-Madkhal li Darâsat al-Qur’ân al-Karîm, p 321
  45. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 192 ; Az-Zarkashî, Al-Burhân, vol 1, p 367
  46. Abû Shahba, Al-Madkhal li Darâsat al-Qur’ân al-Karîm, p 321
  47. Khâmigar, Sâkhtâr Hindisî Sûrihâyi Qur’ân, p 132
  48. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Qur’ân dar Islâm, p 219 ; Ayatollah Jawâdî Âmulî, Tasnîm fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 2, p 27
  49. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Qur’ân dar Islâm, p 219 ; Ayatollah Jawâdî Âmulî, Tasnîm fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 2, p 27
  50. Ayatollah Jawâdî Âmulî, Tasnîm fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 2, p 27
  51. Fiqhî Zâdih, Pzhûhishî dar Nazm Qur’ân, p 72
  52. Râmyâr, Târîkh Qur’ân, p 598
  53. Cheikh al-Mufîd, Al-Masâ’il as-Sarawîyya, p 79
  54. Fiqhî Zâdih, Pzhûhishî dar Nazm Qur’ân, p 73
  55. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 341 - 342
  56. As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 223 ; Subhî as-Sâlih, Mabâhith fî ‘Ulûm al-Qur’ân, p 71
  57. As-Suyûtî, Tartîb Suwar al-Qur’ân, p 32
  58. Ibn ‘Atîyya, Al-Muharrar al-Wajîz, vol 1, p 50
  59. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 124 - 126 ; As-Suyûtî, Al-Itqân fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 106 - 108
  60. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 127
  61. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 127
  62. Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 2, p 6
  63. Ayatollah Ma‘rifat, At-Tamhîd fî ‘Ulûm al-Qurân, vol 1, p 128
  64. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 2, p 596
  65. Cheikh as-Sadûq, Thawâb al-A‘mâl, p 103
  66. Cheikh al-Hurr al-‘ milî, Wasâ'il ash-Shî'a, vol 6, p 37 ; ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 89, p 223 et vol 110, p 263 ; Burûjirdî, Jâmi‘ Ahâdîth ash-Shî‘a, vol 23, p 790
  67. Mâlik ibn Anas, Al-Muwatta’, vol 1, p 202 ; Muhammad ibn Ismâ‘îl al-Bukhârî, Sahîh al-Bukhârî, vol 6, p 187 - 189 ; At-Tirmidhî, Sunan at-Tirmidhî, vol 4, p 231
  68. Nasîrî, « Tchigûnigî Ta‘âmul bâ Riwâyât Fadâ’il wa Khawâss yât wa Suwar », p 67