Salman al-Farisi

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Salman al-Farisi
Compagnon du Prophète Muhammad (s) et de l'Imam Ali (a)
Le mausolée de Salman Al-Farisi au sud de Bagdad
Le mausolée de Salman Al-Farisi au sud de Bagdad
Présentation
naissance
décès
martyre
Famille
parentsUn paysan iranien
enfantFilles:
  • Une fille à Isphahan
  • Deux filles en Egypte

Fils:

  • Abd Allah
  • Muhammad
Successeurs du Prophète (s)
Imam Ali (a) . Imam Hasan (a) . Imam Husayn (a) . Imam Husayn (a) . Imam Sajjad (a) . Imam Baqir (a) . Imam Sadiq (a) . Imam Kazim (a) . Imam Rida (a) . Imam Jawad (a) . Imam Hadi (a) . Imam Hasan Askarî (a) . Imam Mahdi (a)


Salman Al-Farisi (en arabe : سلمان الفارسي) fut un illustre compagnon du Prophète (s) et aussi faisait partie des partisans de l’Imam Ali (a). Le Prophète (s) l'aimait beaucoup et dit quelques fois sur lui qu'il est l'un des nôtre, un membre des Ahl al-Bayt (a).

D’après quelques narrations, il était le fils d’un paysan iranien et s’appelait Rouzbih. Au début, il était zoroastrien. Pendant sa jeunesse, il se convertit au christianisme, alla à Cham et étudia chez un moine. Du fait qu’il avait entendu les moines parler d’un prophète qui apparaîtra dans le Hedjaz, il décida d’y aller. Sur la route, il fut captif par la tribu Bani Kalb et fut vendu à un homme de Bani Quraydha comme esclave. Lorsqu’il arriva à Médine, il vit le Prophète Muhammad (s) et crut en lui. Le Prophète (s) l’acheta de son seigneur, le libéra et l’appela Salman.

Il était présent dans les batailles à côté du Prophète (s). Dans la bataille de Ahzab, ce fut lui qui proposa de creuser autour de Médine pour empêcher les ennemis d’entrer dans la ville.

Après le décès du Prophète (s), il était toujours avec l’Imam Ali (a) et n’était pas d’accord avec ce qui se passa à Saqifa. A l’époque de Umar ibn al-Khattab, il fut élu comme l’émir d'al-Mada’in, mais il travaillait quand même et tricotait des paniers afin de pourvoir aux besoins de sa vie.

Après une longue vie et en l’an 36 de l’hégire, il décéda à al-Mada’in et y fut enterré. Son mausolée est connu sous le nom de Buq‘a Salman Pâk.

Avant de se convertir à l’islam

Ruzbih fut le nom original de Salman. Son père s’appelait Khushfudân ou selon certaines narrations, Buzakhshân.[1] D'après les hadiths, après s’être converti à l’islam, le Prophète (s) l’appela Salman. Son surnom fut Abû Abd Allah. Il naquit dans le village de Jay, situé à Isphahan[2] et selon certaines narrations, il naquit à Ramhurmuz.[3]

Son père fut un paysan iranien. A l’époque des Sassanides ceux qui avaient le droit de posséder un terrain rural ou urbain, s’appelaient « Déhqân (paysan) ».[4]

Les rapports qui racontent son histoire avant qu’il ne se convertisse à l’islam, sont mélangées avec les contes. Ce que l’on voit dans la plupart de ces narrations est le fait qu’il était très curieux et qu’il faisait des longs voyages pour trouver la meilleure religion.

Durant son enfance, il fut zoroastrien. Puis, il se convertit au christianisme et alla à Cham pour apprendre cette religion auprès des moines qui furent au sommet de la connaissance. Tant qu’il était à Cham, il fut au service d’une église. Il voyagea aussi à Mossoul, Nasibayn et Amouriya pour rencontrer des moines très pieux.[5]

Lorsqu’il entendit les moines parler d’un prophète qui viendrait à la fin du temps, et apparaîtrait à Hedjaz, il décida d’y aller. Il y alla en compagnie d'une caravane de la tribu Bani Kalb, par laquelle il fut captif. On le vendit à un juif de la tribu Banu Quraydha, comme un esclave et fut emmené à Médine.[6]

Conversion à l’islam

La première année de l’Hégire dans le mois de Jumâdâ al-Ûlâ, il se convertit à l’islam. Il avait entendu que le dernier Prophète (s) qui apparaîtrait à Hedjaz, n’accepterait pas l’aumône, mais accepterait le cadeau ; et qu'il a le signe de la prophétie entre ses épaules. De ce fait, lorsqu’il rencontra le Prophète (s) à Qubâ, il lui donna une partie de sa nourriture comme aumône. Le Prophète (s) la donna à ses compagnons et n’en prit rien.

Salman considéra ceci comme le premier signe de sa prophétie. La deuxième fois qu’il rencontra le Prophète Muhammad (s), il lui donna un peu de sa nourriture comme un cadeau et cette fois, le Prophète (s) en mangea ; et il considéra cela comme le deuxième signe de la prophétie.

La troisième fois, Salman rencontra le Prophète (s) au cortège funèbre d’un de ses compagnons. Il le salua et marcha derrière le Prophète (s). Le Prophète (s) apprit que Salman veut regarder entre ses épaules pour trouver le dernier signe de sa prophétie, de ce fait, il enleva une partie de son vêtement pour que Salman puisse regarder le signe. En le voyant, Salman embrassa le Prophète (s) et se convertit à l’islam.[7]

Le Prophète (s) l’acheta en échange d’une plantation de 300 ou 400 palmiers et 40 onces d’or et le libéra.[8]

Pacte de fraternité

Article connexe : pacte de fraternité.

Il y a plusieurs narrations à propos du pacte de fraternité qui eut lieu entre Salman et un autre compagnon du Prophète (s). Vous voyez ci-dessous quatre de ces rapports :[9]

  1. Salman et Abû Dardâ’
  2. Salman et Hudhayfat b. al-Yamân
  3. Salman et al-Miqdâd
  4. Salman et Abû Dharr

La dernière est confirmée par les hadiths chiites.

Rôles importants

Creuser un fossé durant la bataille de Ahzab

Il participait aux batailles à côté du Prophète (s). Au cours de la bataille de Khandaq (Ahzâb), il proposa de creuser une tranchée autour de Médine.[10]

Selon l’ordre du Prophète (s), chaque 10 personnes étaient chargées de creuser 40 coudées.[11] Du fait que Salman était très fort, chaque groupe le considérait comme un de ses membres. Muhajirun disaient que Salman n’est pas originaire de Médine, et qu’alors il fait partie d’eux. Cependant, Al-Ansar disaient qu’au moment où le Prophète (s) est arrivé à Médine, Salman était là et donc qu’il leur appartient.[12]

Il est rapporté également que dans la bataille de Tâ'if, Salman proposa d'utiliser la catapulte et le Prophète (s) accepta et ordonna de le faire.[13]

Conquête de l’Iran

Au cours de la conquête de l’Iran, Omar envoya Salman et Hudhayfa comme un des dirigeants de son armée. Pendant la conquête d'al-Mada’in, Salman fit une négociation avec les chefs iraniens.[14]

Opposition avec Saqîfa

Articles connexes : Événement de Saqîfa et Saqîfa.

Salman était contre ce qui se passait à Saqîfa. Après être informés de l’événement de Saqîfa, al-Miqdâd, Salman, Abû Dharr, ‘Îbâdat b. Sâmit, Abû Haytham Al-Tayhân, Hudhayfa et Ammar b. Yâsir se réunirent dans la nuit pour parler du califat.[15] Salman et Ubayy b. Ka‘b firent plusieurs discussions contre la Saqîfa.

Salman dit à certains des compagnons qui avaient fait l’allégeance avec Abu Bakr :

« Vous avez fait et vous n’avez pas fait »[16] qui veut dire :
« Vous avez choisi un calife mais vous n’avez pas suivi l’ordre du Prophète (s) ».

Il disait aussi :

« Vous avez choisi un vieil homme et vous avez abandonné la famille de votre Prophète (s). Si vous laissiez le califat auprès de la famille du Prophète, il n’y aurait aucune divergence ».[17]

Gouverneur de al-Mada’in

Umar ibn al-Khattab choisit Salman comme gouverneur de al-Mada’in. Salman demanda d’abord la permission de l’Imam Ali (a) puis l'accepta. Il y était le gouverneur jusqu’à la fin de sa vie.[18]

Son salaire du trésor public fut 5 000 dirhams, mais il donnait tout son salaire aux pauvres et passait sa vie avec l’argent qu’il gagnait en tricotant des paniers.[19]

Famille et sa descendance

Dans certaines sources, il est rapporté que Salman demanda le mariage à deux filles. La première était la fille de Umar, la sœur de Hafsa. Umar refusa sa demande. Mais quand il entendit la parole du Prophète (s) à propos du niveau de Salman dans la croyance, il accepta. Cependant, Salman fut dissuadé et ne voulut plus. Pour demander la main de la deuxième fille, Salman envoya Abû Dardâ’ devant la famille de la fille mais, la famille refusa la demande de Salman et accepta que Abû Dardâ’ soit, lui-même, le mari de leur fille.

Enfin, il se maria avec Buqayra, de la tribu Bani Kinda. Il eut deux fils qui s’appelaient Abd Allah et Muhammad. Abd Allah est celui qui rapporta de son père le hadith qui raconte qu’Allah envoya un repas du Paradis à Fatima (a). Salman avait aussi une fille à Isphahan (Iran) et deux filles en Egypte.

Muhaddith al-Nouri a dit :

« Les descendants de Salman habitaient à Ray pendant 500 ans. Parmi ses descendants, on peut mentionner les suivants :
  • Badr ad-Dîn al-Hasan b. Ali b. Salman, un narrateur de hadith et de la descendance de Salman.
  • Ibrâhîm b. Shahrîyar (M 5e siècle), un mystique (‘Ârif).
  • Shams Ad-Dîne Souzanî (M 6e siècle), un poète.
  • Dîyâ’ ad-Dîn al-Farisi (M 7e siècle), un savant et un poète ainsi que le chef religieux des gens de Boukhara. »[20]

Salman selon le Prophète (s) et les Imams (a)

Le hadith le plus connu sur Salman, rapporté par le Prophète (s) est celui dans lequel il dit :

« Salman est l’un des nôtres, des Ahl Al-Bayt (a) ».

Un jour, il entra dans la mosquée du Prophète (s). Certains le respectèrent beaucoup et lui donnèrent la place la plus élevée. Cependant, du fait qu’il n’était pas arabe, Umar b. al-Khattab ne le respecta pas. Lorsque le Prophète (s) vit cela, il monta en chaire et dit qu’aucune race n’est supérieure à une autre et il cita, à la fin de son discours, le hadith ci-dessus à propos de Salman.

Le Prophète (s) cita ce même hadith au cours de la bataille de Ahzâb, lorsque Salman était en train de creuser un fossé.[21]

Le Prophète (s) dit aussi :

« Le Paradis désire rencontrer Ali, Ammâr et Salman ».[22]

Il y a aussi des hadiths chiites, rapportés par les Ahl Al-Bayt (a), à propos de Salman.

L’Imam Ali (a) dit :

« Grâce aux croyants comme Ammâr, Abû Dharr, al-Miqdâd et Salman, Allah accorde Ses bienfaits aux gens ».[23]

Il dit aussi :

« Salman a le savoir des précédents et des suivants ».[24]

L’Imam as-Sâdiq (a) dit :

« Ne dites pas Salman Al-Farisi, dites plutôt Salman Al-Muhammadî, car il fait partie des Ahl Al-Bayt (a) ».[25]

Décès

Il décéda en l’an 36 H/656. D’après certaines narrations, il décéda à l’époque de Uthman bin Affan et selon d’autres, quelques années après la mort de Uthman.[26]

Salman eut une longue vie. Selon certaines rapports, il avait 350 ans.[27] Il est aussi rapporté que lorsqu’il décéda, l’Imam Ali (a) alla à al-Mada’in, lui fit ses grands ablutions (al-Ghusl), l’enveloppa dans un linceul, fit la prière et l’enterra.[28]

Salman avait écrit sur son linceul cette poésie :

وفدت على الكريم بغيـر زاد / من الحسنات والقلب والسليم
وحمل الزاد أقبح كل شيء / إذا كان الوفود علــــــــــى الكريم
Je viens auprès d’un Seigneur Généreux / sans avoir fait des bienfaits ni avoir un cœur pur
Le fait d’avoir des provisions est très honteux / quand tu entres chez un Généreux
Nafas ar-Rahmân, Nouri, p 139

Références

  1. Tarikh Tabari, v 3 p 171
  2. Al-Tabaqât Al-Kobrâ, v 4 p 56
  3. Tarikh Tabari, v 3 p 171
  4. Déhkhoda
  5. Al-Sirat Al-Nabawiyya, Ibn Hîsham, v 1 p 214-218
  6. Al-Sirat Al-Nabawiyya, Ibn Hîsham, v 1 p 218
  7. Al-Sirat Al-Nabawiyya, Ibn Hîsham, v 1 p 219
  8. Al-Sirat Al-Nabawiyya, Ibn Hîsham, v 1 p 219
  9. Salman Al-Farisi, 'Âmili, p 86-87
  10. Ansab Al-Ashrâf, Baladhuri, v1 p 343
  11. Un coudée valait 50 cm. environ
  12. Al-Tabaqat Al-Kobrâ, Ibn Sa'd, v 4 p 62
  13. Al-Halabî, As-Sîrat al-Halabîyya, vol 3, p 167
  14. Tarikh Al-Omam, Tabari, v 4 p 41
  15. Sharh Nahjul Balagha, Ibn Abi Al-Hadid, v 1 p 219-220
  16. Nafas Al-Rahmân fi Fadha'îl Salman, Nouri, p 148
  17. Abd Allah b. Saba, Allama Askari, v 1 p 145
  18. Al-Darajât Al-Rafi'â, Madani, p 215
  19. Sharh Nahjul Balagha, Ibn Abi Al-Hadid, v 18 p 35
  20. Salman Farisi, Sadéghi Ardéstani, p 377-390
  21. Al-Tabaqât Al-Kobra, Ibn Sa'd, v 4 p 62
  22. Siyar 'A'lâm Al-Nubala', v 2 p 61
  23. Al-Khisal, Sadouq, p 361
  24. Tarikh Damishq (Damas), Ibn 'Asakîr, v 21 p 421
  25. Al-'Amali, Al-Toussi, p 133
  26. Tarikh Dameshq (Damas), v 21 p 458-459
  27. Tarikh Bagdad, Khatib Bagdadi, v 1 p 176
  28. Bihar Al-Anwar, Majlissi, v 22 p 380